La douleur peut être mieux acceptée si elle est de courte durée. L'égorgement est certes ressenti par le cerveau comme une douleur intense. Mais si on n'étourdit pas l'animal immédiatement après, celui-ci peut rester conscient puisque 10 % des animaux sont encore conscients après 40 secondes. Une autre préconisation pourrait donc être d'étourdir les animaux toujours conscients après 40 secondes. Mais ces animaux ne peuvent plus dans ce cas être certifiés casher ou halal. La dernière solution consiste à attendre la perte de conscience de l'animal mais celle-ci peut prendre jusqu'à 5 minutes...
Nous avons eu des surprises lors de la réalisation de notre rapport sur la douleur animale. Ainsi, nous avons rencontré un chercheur néozélandais qui nous a expliqué que son pays exportait beaucoup de viande de mouton en Arabie Saoudite et vers les pays du Golfe et que les animaux étaient systématiquement étourdis. Un pays comme l'Autriche impose l'étourdissement après l'égorgement. Comme vous le voyez, les solutions sont variées, elles ne sont pas utilisées de manière homogène, même en France, et il convient de négocier les conditions de mise à mort des animaux avec les communautés religieuses après avoir établi un constat scientifique sur les douleurs et les souffrances. Il s'agit vraiment d'une négociation sociale, d'où l'importance pour nos travaux de l'éclairage apporté par les sciences sociales.
Dans l'abattoir de l'ouest que nous avons visité, l'égorgement selon le rite halal est pratiqué mais les animaux qui sont encore conscients sont « soulagés » par un choc non pénétratif qui entraîne l'inconscience et qui peut être répété en cas d'échec. Une telle technique peut être acceptée par certains musulmans, même si elle ne l'est pas par tous.