Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Réunion du 4 septembre 2013 à 16h00
Débat sur la situation en syrie

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin :

Punir sans abattre : or la guerre est peu compatible avec la nuance !

On sait que, en Syrie, la solution doit être politique, afin que les délicats équilibres soient ménagés, que les radicaux islamistes n’imposent pas leur loi et leur dictature.

Nous notons que le caractère exclusivement punitif donné à ces frappes militaires n’est pas approuvé par certains voisins de la Syrie, qui soutiennent les combattants et les mouvements islamistes et sont surtout portés, eux, à conjuguer tous leurs efforts pour abattre le régime de Damas.

L’impact de nos frappes aériennes serait très incertain. Je parlerai non pas de l’impact physique – qui est cependant à prendre en considération, comme le font les populations qui, actuellement, fuient la Syrie, ou comme pourrait le faire Bachar Al-Assad, en recourant à l’horrible pratique des boucliers humains –, mais de l’impact politique et diplomatique.

La région est déjà parcourue de crises et soumise à des facteurs d’instabilité. Le Liban, la Jordanie, l’Irak sont d’ores et déjà malmenés par des attentats qui traduisent des clivages religieux. Des communautés chrétiennes sont de plus en plus en butte aux exactions, aux proscriptions, alors qu’elles sont présentes dans la région depuis des millénaires. La sécurité d’Israël ne peut qu’être affectée par un environnement instable, violent. Les chrétiens d’Orient, comme nos amis du Liban, nous rappellent nos racines et nous appellent à la plus grande réserve.

De façon plus large, l’impact sur d’autres dossiers de sécurité en cours de discussion – ou de reprise de discussion – avec la Russie, la Chine, l’Iran, ne peut être que négatif si l’on substitue aux règles de la légalité internationale celles de l’unilatéralisme, de la force des armes, ou la traditionnelle arrogance occidentale.

J’entends bien ceux qui disent qu’une frappe punitive n’est pas la guerre. Mais quand on a frappé, c’est celui qui est frappé qui décide, par sa riposte, s’il y a guerre ou pas.

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