Intervention de Patrick Guillaumont

Mission d'information sur l'action extérieure de la France — Réunion du 22 mai 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Patrick Guillaumont président de la fondation pour les études et recherches sur le développement international ferdi et de Mme Sylviane Guillaumont-jeanneney professeur émérite au centre d'études et de recherches sur le développement international cerdi — Université d'auvergne

Patrick Guillaumont :

En matière de valorisation scientifique, un problème essentiel a trait, en économie comme dans les autres disciplines, aux revues et aux publications. En matière de valorisation de la recherche française en sciences sociales, il existe deux modèles. Le premier est celui de l'IRD ou de l'AFD, consistant à publier dans des supports « maison », qui permettent une expression originale. La revue Autrement de l'IRD et les documents de travail de l'AFD en constitue des exemples, avec pour inconvénient une faible visibilité à l'international, malgré le grand intérêt de ces publications.

Le deuxième modèle est celui des universités et du CNRS, dont les chercheurs publient essentiellement dans des revues internationales (principalement anglo-saxonnes), où se joue désormais, de plus en plus, la carrière des chercheurs, au point de donner l'image d'une dictature exercée par les revues à comité de lecture. Dans le domaine des sciences sociales et de l'économie, les meilleurs chercheurs tendent ainsi à vouloir publier dans les revues anglo-saxonnes. Ils doivent alors se conformer aux exigences de ces supports et se couler dans le « moule » de la pensée qui les domine. Quelle que soit leur qualité scientifique, il s'avère difficile de faire une place, dans ces supports, à la spécificité de la pensée française ou francophone en matière de développement. Nous avons voulu placer la Revue d'économie du développement (éditée en français) au niveau des standards internationaux. Nous allons fêter cette année le vingtième anniversaire de cette revue, dans laquelle ont contribué de grands noms.

Nous atteignons les limites de l'exercice, car les meilleurs chercheurs français et francophones, sur les questions d'économie et de développement, vont directement soumettre leur article à des revues anglo-saxonnes. Le Journal of African Economies, créé à peu près en même temps que la Revue d'économie du développement, comporte quasiment une moitié d'auteurs francophones dans son dernier numéro. C'est presque un succès. On peut toutefois regretter qu'aucun passage n'ait été recherché par nos canaux de publication.

Il est une solution envisageable, que nous essayons de mettre en oeuvre : promouvoir une revue qui comporte les mêmes exigences scientifiques que les revues anglo-saxonnes, éditée en français et traduite en anglais, pour percer dans le monde anglo-saxon et accroître son attractivité pour les jeunes auteurs.

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