Intervention de Patrick Guillaumont

Mission d'information sur l'action extérieure de la France — Réunion du 22 mai 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Patrick Guillaumont président de la fondation pour les études et recherches sur le développement international ferdi et de Mme Sylviane Guillaumont-jeanneney professeur émérite au centre d'études et de recherches sur le développement international cerdi — Université d'auvergne

Patrick Guillaumont :

Plusieurs chercheurs du CERDI ont travaillé pour l'Union européenne, le plus souvent en tant que consultants, sur des questions de politique économique et non dans des programmes de recherche. On peut y voir un échec ou un manque de diligence dans notre action. La seule fois où nous avons été associés à un projet européen, celui-ci n'a pas été renouvelé. Les fonds sont versés à des consortiums et il faut être « dans le bon bateau » (ou en être le capitaine).

Nous avons notamment connu un échec qui me semble assez symptomatique. Depuis quatre ans, la Commission européenne a lancé un rapport européen sur le développement. L'entreprise était risquée, car il fallait faire aussi bien mais différemment du rapport sur le développement dans le monde élaboré par la Banque Mondiale, qui y avait consacré des moyens considérables. Cette idée a été dévoyée au fur et à mesure de son exécution. Les premiers rapports ont été confiés à un groupe très sérieux conduit par Madame Giorgia Giovannetti, professeur à l'Institut universitaire européen de Florence. Ils ont été élaborés dans une collaboration très ouverte avec l'ensemble de la recherche européenne. Pour le troisième rapport, un appel d'offres a été lancé, de façon assez curieuse, pour ne pas dire davantage. Nous nous étions associés au Professeur Giovannetti mais le marché a été attribué à un groupe conduit par ODI (Overseas Development Institute), associé à un centre néerlandais et un centre allemand, suite à la réunion d'un petit comité où siégeaient les représentants des Etats-membres finançant le projet.

Trois personnes, en réalité, étaient dans la salle, un Allemand, un Britannique et un Français. De nombreux doutes sont apparus quant à ce mode de décision. Puis le processus a été reconduit pour un an sur un sujet central, qui est l'agenda post-2015. J'ai laissé entendre qu'il serait intéressant de revoir la conception de ce rapport pour que le meilleur de la recherche européenne soit sélectionné par un comité dont la composition varierait chaque année. Nous avons vu s'affronter, en l'espèce, une Europe du Nord et une Europe du Sud. Le commissaire Piebalgs m'a demandé de le conseiller sur les questions d'allocation de la dette mais il n'a pas sollicité mon avis sur ces programmes européens.

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