Intervention de Erik Solheim

Mission d'information sur l'action extérieure de la France — Réunion du 5 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de monsieur erik solheim président du comité d'aide au développement cad de l'organisation de coopération et de développement économiques ocde et de madame chantal verger direction de la coopération pour le développement de l'ocde

Erik Solheim, Président du Comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) :

Je vous présenterai un aperçu des domaines de développement abordés par le CAD. Ma collègue, Chantal Verger, qui connait bien les politiques de recherche françaises, pourra vous préciser l'ordre du jour de la recherche au CAD.

Le bilan des dix dernières années en matière de développement est contrasté : pour certains, nous avons perdu une décennie, tant les problèmes paraissent au moins inchangés, au pire aggravés ; cependant, l'éducation progresse et, surtout, la pauvreté absolue diminue de 1 % par an depuis 1990, ce qui a réduit de moitié la misère dans le monde. Nous ambitionnons de l'éradiquer entièrement.

Le monde devient multipolaire : l'époque est révolue où l'Europe et les Etats-Unis, avec peut-être le Japon, définissaient l'ordre du jour mondial. La Chine est assurément le nouvel acteur principal, aux côtés de pays comme le Brésil. Ces Etats ont reçu beaucoup d'aide au développement et la Chine en est devenu le principal pourvoyeur. L'Indonésie, la Turquie, le Chili, l'Inde, le Mexique ou le Pérou ont « émergé » à leur tour. Notre principale problématique est de tendre la main à tous ces « nouveaux venus » dans notre monde. Si ces pays semblent plus prometteurs en termes démocratiques, des efforts restent à accomplir en matière de changement climatique et d'énergies renouvelables.

L'aide au développement reste considérable, mais son montant est inférieur à l'investissement privé, aux échanges commerciaux et aux subventions pour l'énergie fossile. Dans ce contexte, nous sommes favorables à l'instauration d'une taxe spécifique pour le développement mondial, comme plusieurs pays le proposent, par exemple la France avec l'idée d'une taxe sur les mouvements internationaux de capitaux. De fait, la fiscalité est très perfectible à l'échelle mondiale - George Osbourne, le ministre britannique des Finances, s'est indigné du fait que Google, Starbucks et Amazon ne paient pas d'impôts au Royaume-Uni, de même qu'ils n'en paient pas en Afrique. Il est certain que les pays en développement ont besoin de moyens pour commencer à rattraper les autres, il faut trouver de nouveaux financements.

En tant que bailleurs de fonds, nous nous focalisons sur le montant de l'aide : nous devrions davantage porter notre attention sur les bénéficiaires. En effet, le montant de l'investissement n'est pas synonyme de la qualité d'un système. En matière de santé, par exemple, la Norvège dépense plus, pour de moins bons résultats que la Finlande. Cela montre bien que la mesure d'efficacité doit aller bien au-delà du simple montant des investissements et que nous devons trouver les outils statistiques pour apprécier les résultats des politiques publiques.

En 2015, deux rendez-vous majeurs nous attendent : une conférence sur les objectifs de développement du millénaire à New-York et une grande conférence sur le changement climatique à Paris. Les objectifs de la finance et de l'environnement doivent converger, c'est un impératif général, qui conditionne également nos politiques d'aide.

Nous sommes donc dans un monde devenu multipolaire où des nations émergentes jouent un rôle grandissant. Ces pays apportent de nouveaux capitaux que nous devons apprendre à mieux utiliser. Enfin, il apparait nécessaire de faire converger les problématiques environnementales et les autres objectifs de développement.

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