Intervention de Chantal Verger

Mission d'information sur l'action extérieure de la France — Réunion du 5 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de monsieur erik solheim président du comité d'aide au développement cad de l'organisation de coopération et de développement économiques ocde et de madame chantal verger direction de la coopération pour le développement de l'ocde

Chantal Verger, Direction de la coopération pour le développement de l'OCDE :

Plusieurs pays membres du CAD disposent de programmes de recherche pour le développement. Les programmes de la France figurent parmi les plus importants, aussi bien dans le secteur de la santé, avec l'Institut Pasteur, que de l'agriculture, avec la CIRAD et l'IRD. En volume, la France apporte 250 à 350 millions de dollars par an ; des montants considérables, tant en valeur relative qu'absolue. En comparaison, elle alloue environ 200 millions d'euros au secteur de la gouvernance. Nous notons également l'existence d'une assistance technique considérable. Le CIRAD dispose de 800 chercheurs dans 90 pays, l'IRD emploie plus de 1 500 chercheurs et 9 000 personnes exercent dans 33 Instituts Pasteur répartis à travers le monde.

La recherche aide à formuler des stratégies de développement plus efficaces : c'est ce que la France vise en faisant participer les instituts de recherche et les universités à la définition des stratégies, par exemple lors des Assises du développement, ou encore lorsque l'AFD, s'engage, dans son contrat d'objectifs et de moyens, à définir ses programmes en concertation avec l'IRD et le CIRAD.

La recherche, ensuite, sert la cohérence des politiques pour le développement, en examinant si l'aide ne contrarie pas les efforts de développement des pays partenaires. Les instituts de recherche français sont membres du Groupe Interministériel sur la Sécurité Alimentaire : cette participation aide le Gouvernement à définir ses positions auprès de l'Union Européenne ou du G20.

Enfin, la recherche, via l'action des équipes sur place, se révèle importante dans le développement de certains pays. Au Cameroun et à Madagascar, les instituts de recherche français jouissent d'une très bonne réputation.

Nous pouvons améliorer l'impact de la recherche sur le développement, en prêtant plus d'attention à la mise en oeuvre même des programmes de recherche dans les pays partenaires. Les équipes locales de l'IRD connaissent cet enjeu, mais elles doivent composer avec les directives de leur direction, qui regarde surtout les résultats en termes de publications, selon les standards internationaux de la recherche. Il n'y a qu'un seul mécanisme d'évaluation pour tous les programmes de recherche, ce qui laisse peu de place aux spécificités de la coopération au développement. Le nombre de co-publications prouve l'effort de travail en partenariat. Cependant, il serait nécessaire d'évaluer l'impact de la recherche sur la coopération au développement.

Enfin, la fragmentation de nos institutions de recherche est une faiblesse, qui amoindrit la recherche dans les politiques de coopération. Le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) ne s'est pas réuni depuis 2009. Cela signifie que le Ministère de la Recherche n'a pas été impliqué dans la détermination des grandes orientations de la politique de coopération depuis quatre ans. La mission budgétaire « Aide publique au développement » n'intègre pas le budget de la recherche, pourtant important. Enfin, dans les pays partenaires, les documents cadres de partenariat, censés consigner l'ensemble des efforts de la France pour appuyer le développement d'un pays partenaire, font peu référence aux efforts de la recherche. Ces documents ne sont plus obligatoires que dans 17 pays dits « pauvres prioritaires ». La question se pose de la cohérence de l'ensemble des leviers d'action de la France dans les autres pays.

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