Nous pouvons nous féliciter de la qualité de la coopération décentralisée entre villes françaises et villes d'Afrique. Elle tend à résoudre des problèmes concrets mais aussi à éduquer les citoyens de part et d'autre à l'importance de la coopération internationale. La coopération française devrait canaliser une plus grande part de ses ressources vers la coopération décentralisée car elle donne des résultats concrets, elle s'inscrit dans la durée, elle se soucie du développement institutionnel des collectivités locales de part et d'autre, et elle a aussi une dimension culturelle où, par essence, les partenaires sont à égalité. Cette coopération décentralisée doit elle-même évoluer et se donner comme objectif la solidarité économique. Si s'organisaient des partenariats économiques entre syndicats d'initiatives, entre diasporas, entre centres de santé, on aurait un vivier qui redéployerait vers la proximité la coopération souvent jugée inégale au niveau des Etats.
Il faut également miser sur la coopération écologique. Vous savez peut-être que le bois utilisé pour le site François-Mitterrand de la Bibliothèque nationale de France provient du Cameroun. Or ceci est largement méconnu à Paris comme au Cameroun. Une grande coopération peut pourtant se fonder sur les solidarités liées à l'écologie. J'évoquerais aussi l'entrepôt de déchets informatiques au Ghana, qui constitue un risque majeur pour les populations, notamment les enfants : notre responsabilité collective est en cause. La coopération écologique devient une exigence morale. L'Afrique ne peut être transformée en poubelle des modes de consommation européens.
En termes plus positifs, la coopération décentralisée promeut le rapprochement des peuples, comme l'ont prouvé les liens noués entre collectivités territoriales françaises et allemandes après la seconde guerre mondiale.
Les Français ne voient pas la mutation en cours. Or le potentiel pour les PME françaises est en Afrique ! Les collectivités doivent aussi s'impliquer dans la gestion de la diaspora : il est sain qu'un pays sache où sont ses enfants, pour protéger leurs droits et bénéficier des connaissances qu'ils ont acquises à l'étranger. Ainsi, Montreuil est la deuxième ville malienne au monde après Bamako ! La coopération décentralisée est sans aucun doute l'élément régénérateur de nos relations avec l'Afrique.