Intervention de Alain Henry

Mission d'information sur l'action extérieure de la France — Réunion du 11 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Alain Henry directeur du département recherche de l'agence française de développement afd

Alain Henry, directeur du département recherche de l'Agence française de développement (AFD) :

Merci pour cet accueil chaleureux, j'en suis très touché.

L'AFD, en tant qu'opérateur central de l'aide française, agit par de multiples leviers et mobilise divers outils de financement, qu'il s'agisse des dons inscrits au programme 209, des prêts bonifiés, des garanties, ou encore des financements d'assistance technique. Nous accompagnons toutes nos opérations de conseils, d'un appui méthodologique et de réflexion auprès de nos maîtres d'ouvrage.

En 2012, l'AFD a engagé 7 milliards d'euros, qui incluent 300 millions d'euros de bonifications et 571 millions d'euros de subventions, tous pays inclus, y compris l'outre-mer.

Les interventions sont grossièrement ciblées sur deux blocs. La priorité de l'aide s'oriente, d'une part, vers l'Afrique subsaharienne et la Méditerranée, avec des programmes classiques de lutte contre la pauvreté, de réduction des inégalités et de croissance économique, et, d'autre part, vers les pays émergents comme l'Inde, le Brésil, la Chine, l'Indonésie, auxquels nous consentons des prêts avec peu ou pas de bonifications. Il s'agit de montants importants que nous accompagnons parfois d'assistance technique, afin d'aider les pays en question dans leur agenda de transition écologique et de les faire accessoirement bénéficier de la compétence française dans ce domaine.

L'AFD comporte deux particularités que je tiens à souligner, si profondément ancrées dans les gènes de la maison qu'on oublie parfois de les rappeler... Tout d'abord l'AFD laisse la totale responsabilité de la mise en oeuvre des projets à ses partenaires. Nous prêtons de l'argent au Cameroun, mais c'est le gouvernement camerounais qui met en oeuvre son projet. Cette modalité d'action est de règle pour l'aide multilatérale, mais elle est exceptionnelle pour l'aide bilatérale. L'Union européenne, par exemple, garde la maîtrise de la gestion du projet. Nous exerçons quant à nous une surveillance et assurons l'accompagnement de l'AFD, mais les appels d'offres sont passés par l'autorité de projet, l'établissement public, la commune, la municipalité ou le ministère responsables du projet.

Notre premier acte de développement réside donc dans l'accompagnement de nos financements, et dans le fait que nos partenaires sont responsables de leurs programmes. Nous les accompagnons par des idées, des conseils, des recommandations. C'est là une de nos spécificités : nous co-évaluons la politique publique de nos partenaires, leurs règles de gestion, leurs modalités de travail, pour essayer d'améliorer la qualité des programmes et mieux faire en termes de projets, d'évaluation, et de suivi.

Seconde particularité : par rapport aux opérateurs dominants de la profession, comme la Banque mondiale ou autres multilatéraux, nous sommes beaucoup plus ouverts aux singularités et aux spécificités locales. Nous essayons d'adapter notre vision technocratique ou universelle des choses au contexte malien ou indien et sommes très soucieux de prendre en compte cette spécificité locale. Il s'agit d'une particularité très forte des bilatéraux par rapport aux multilatéraux.

Dans cette affaire, la production de connaissances accompagne notre travail de financement ; elle en est le complément indissociable. Il n'existe pas de financement sans évaluations et propositions d'amélioration des politiques publiques locales, ceci pour faire bénéficier nos partenaires de notre expérience comparative. Cette production de connaissances, toute l'AFD y travaille. Le département des études et recherches a un rôle d'animation et de production en propre sur les sujets les plus en pointe ou les plus complexes, qui font appel aux relations avec les centres de recherche et les universités.

Dans mon département, nous réalisons de la production de connaissances sous trois formes : l'évaluation indépendante des programmes, le suivi des risques économiques des pays et les recherches sociales et économiques.

Nous avons une fonction d'évaluation complémentaire des évaluations faites par Bercy et par le ministère des affaires étrangères. Il s'agit d'une évaluation systématique et nous recourons à des protocoles de recherche scientifique très serrés pour cette mesure scientifique des impacts. Nous avons ainsi procédé à une évaluation indépendante de vingt années d'interventions de l'AFD sur les forêts du bassin du Congo. La zone a reçu beaucoup d'aides, sous différentes formes, l'évaluation est ici l'occasion de comparer nos méthodes entre elles, placées sous la sellette des universitaires. Cette évaluation a, en particulier, examiné les plans d'aménagements forestiers que nous avons mis en place au début des années 2000, dans la perspective d'instaurer un label de gestion des forêts durable. La méthode a été largement validée et fait l'objet d'un accord complet entre acteurs publics, ONG, et acteurs privés concernés. Ceci s'est traduit par un livre blanc pour la gestion des forêts tropicales, qui reprend cet accord sur la méthode. L'évaluation indépendante a identifié des pistes de progrès, comme le traitement de la biodiversité, l'adaptation de cet outil contractuel dans lequel les forestiers s'engagent à lutter contre le braconnage d'éléphants sur leur propre parcelle... Nous avons donc émis des recommandations pour adapter cet outil aux PME. Cette pratique nous permet de nourrir les politiques publiques des pays concernés. Enfin, nous diffusons les résultats de ces travaux à l'occasion de conférences internationales ou régionales. Cette démarche est prise en compte par des bailleurs de fonds, qui s'en inspirent plus ou moins directement, dont la Banque mondiale.

Autre exemple : dans le cadre d'un programme de micro-finance au Maroc, nous avons procédé à ce que les universitaires appellent une évaluation randomisée. Il s'agit d'un protocole très proche de celui utilisé par les médecins pour valider les effets d'un médicament. On recourt à deux groupes témoins, dont l'un ne fait pas l'objet du projet, pour comparer les résultats. Cette étude a amené des découvertes inattendues, qui nous obligent à revoir nos méthodes. L'opérateur marocain y a trouvé des conseils utiles ; c'était la première fois qu'il appliquait la micro-finance en milieu rural, qui fonctionne beaucoup moins bien qu'en milieu urbain. L'évaluation a établi que ces microcrédits consentis à des villages marocains n'avaient pas apporté d'activités nouvelles, mais une diversification des activités. Certaines familles, qui ne faisaient pas d'élevage, se sont mises à en faire ou à accroître la production de biens alimentaires, sans que des activités artisanales nouvelles apparaissent. Second constat très mitigé : les villageois ont vu leurs revenus issus de l'agriculture augmenter mais ils ont en fait abandonné des activités salariées en ville, pour passer plus de temps dans leur activité de production agricole. Deux ans après le début de ce projet dans les villages, on constate une évolution de l'économie - davantage d'agriculture, d'élevage, de biens alimentaires - mais pas d'effets sur le revenu moyen, ni sur la lutte contre la pauvreté, le rôle économique des femmes, ou la scolarisation des enfants.

Ces constats ont conduit l'AFD à poursuivre le travail différemment, en diversifiant les outils d'intervention pour développer l'activité des villages.

Dans le second type de production de connaissances, une équipe d'économistes passe en revue différents aspects des finances publiques du pays considéré, l'évolution économique, son système bancaire, la confiance des investisseurs dans le système politique, ceci pour évaluer le risque, aussi objectivement que possible. Cette évaluation nous protège de la contagion des croyances, qui veut que tout le monde prête à ceux que l'on dit formidables et jamais à ceux que l'on juge moins recommandables. C'est aussi un outil qui nous est propre, distinct du modèle dominant, la tentation étant de s'aligner sur les stratégies de la Banque mondiale. La Banque mondiale est une merveilleuse machine de production intellectuelle, mais il peut être utile d'avoir un point de vue différent, bilatéral, pluridisciplinaire, à partir d'une vision plus respectueuse des pays et des sociétés. C'est là une vraie valeur ajoutée...

Cette évaluation nous amène à vérifier si les vérités répétées par chacun sont les bonnes : l'Afrique a-t-elle vraiment commencé son décollage ? D'autres y réfléchissent, mais c'est un sujet sur lequel on commence à s'interroger très sérieusement... La libéralisation commerciale et la croissance économique, clef du leitmotiv libéral, est-elle la solution aux problèmes de sous-emploi ? Nous essayons d'aborder ainsi toute une série de questions avec un regard différent, et en utilisant l'expertise française.

Nous disposons d'une activité de recherche sociale et économique plus ouverte, qui s'interroge sur différents thèmes majeurs que sont les liens entre croissance, production, cohésion sociale, environnement et développement, évolution du financement de l'aide. Nous devons par ailleurs, de par notre plan d'organisation stratégique, veiller à avoir une activité de production sur l'outre-mer français.

L'AFD, depuis 2002, a publié environ 400 titres. Il s'agit parfois de documents de travail, équivalents d'un article scientifique. A ce jour, nous publions environ 50 titres par an. Nous soutenons également la publication d'Afrique contemporaine, revue pluridisciplinaire de sciences politiques, de géographie et de sciences économiques sur l'Afrique, ainsi qu'un ouvrage annuel du développement durable et environnemental, Regards sur la terre, qui propose chaque année un thème particulier. L'année prochaine, il s'agira de l'innovation ; le précédent portait sur la lutte contre les inégalités, et celui d'avant sur les océans.

Notre équipe de recherche ne compte qu'une vingtaine de chercheurs et de cadres. Notre premier travail est de trouver les bonnes questions qui nous viennent des opérations, de les poser et de piloter des travaux d'études et de recherches que nous demandons à des centres de recherche, à des partenaires, à des universités.

Nous travaillons beaucoup avec les centres de recherche, à commencer par l'Institut de recherche pour le développement (IRD), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), et d'autres biens connus dans le monde du développement, comme le Centre d'études et de recherches sur le développement international (CERDI), ou l'Institut français des relations internationales (IFRI). Nous travaillons aussi avec des universités internationales. Il n'existe pas de démarche scientifique sans un dialogue, un échange et des débats contradictoires ou une collaboration avec les universités internationales britanniques, hollandaises, américaines.

Nous avons bien sûr des partenariats avec des centres de recherches liés à nos zones d'intervention, comme le Forum euroméditerranéen des instituts en sciences économiques (FEMISE). Nous travaillons, au Niger, avec le Laboratoire d'études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), avec l'Académie des sciences sociales au Vietnam, avec des départements ministériels en charge du développement en République sud-africaine, avec lesquelles nous avons également des activités de formation.

Nous avons récemment ouvert une nouvelle ligne de collaboration avec l'université al-Azhar, au Caire, qui est, depuis le Xème siècle, la référence du monde sunnite, avec un colloque et un travail de recherches en commun sur le thème de l'intégration économique des femmes. L'université al-Azhar reste aujourd'hui l'un des refuges du dialogue libre, au Caire, sur ce type de sujet.

Nous contribuons à un grand nombre de séminaires de recherches et de formations, et un rendez-vous quasi annuel prend la forme d'une conférence mobilisant le réseau des chercheurs européens du développement (EUDN).

Nous avons fait, en septembre, une conférence au Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur les transitions et l'emploi en milieu rural. Toute cette activité de production de connaissances sert à produire des éléments pour nos ministères de tutelle et pour le Gouvernement, pour des conférences du type de celle qui aura lieu en 2015 sur le climat ou, plus classiquement et de manière répétitive, pour le Forum mondial de l'eau.

Je crois que l'AFD a un rôle stratégique vis-à-vis de la recherche : notre rôle, c'est de poser aux chercheurs les bonnes questions - et il n'y a pas de bonnes recherches sans bonnes questions. Le chercheur peut avoir tendance à faire ce qu'il aime, ou ce qu'il a l'habitude de faire, à dialoguer avec des modèles scientifiques sans s'interroger sur l'utilité de ses résultats ; notre rôle, c'est de les aider à se connecter à des demandes sociales, à soutenir les partenariats. Je crois pouvoir identifier quatre fonctions de recherches. D'abord la résolution de questions opérationnelles : c'est ce que tout le monde attend de la recherche, mais la réussite exige un partage des opinions et un assentiment des acteurs, ce qui prend nécessairement du temps. Il y a ensuite l'objectif d'accumuler des connaissances, pour les systématiser et changer notre cadre de compréhension. Il y a encore la fonction consistant à nourrir, argumenter et critiquer les politiques publiques, pour les confronter, dans un débat public. Enfin, la quatrième fonction de la recherche, très souvent sous-estimée, consiste à produire des bases de données, ce qui est indispensable à toute recherche - et ce qui coûte de l'argent, quoiqu'en pensent tous ceux qui demandent des statistiques sans compter et comme si elles se construisaient toutes seules.

Comment abordons-nous et quelles recommandations pouvons-nous faire sur des sujets complexes, qui impliquent de très nombreux opérateurs et diverses autorités ? Je prendrai l'exemple du Kenya, dont la biodiversité se dégrade au gré de la modernisation du pays - nouvelles routes qui apportent de nouvelles maladies, changement de l'écosystème et des pratiques culturales des populations, etc. - alors même que cette biodiversité est, avec le tourisme, l'un des trésors nationaux, les revenus touristiques représentant à eux seuls environ un milliard de dollars par an. En étudiant la situation, nous nous sommes aperçus que diverses autorités publiques et privées tentaient d'endiguer la dégradation de la biodiversité, la disparition des espèces, à travers notamment l'édification de règles publiques plus strictes dans des zones protégées, mais que ces interventions étaient parfois contradictoires, à tout le moins incohérentes. Par une approche pluridisciplinaire, nous avons élaboré une grille d'analyse éclairant les atouts, les faiblesses et les complémentarités des différents modes de réglementation, et comparant la situation au Kenya avec celle d'autres pays. Le Gouvernement kényan s'est approprié cette grille pour mener une concertation avec les acteurs et mettre en place des règles nouvelles. Nous l'avons publiée, et cette grille est maintenant utilisée dans d'autres pays, moyennant des adaptations et des réflexions complémentaires, avec l'objectif fondamental d'améliorer l'efficacité environnementale et la sauvegarde de la faune.

Autre exemple plus abstrait, mais fondamental, celui de la transition écologique, où les gouvernements cherchent quelles décisions de politique économique ils doivent prendre sur les transports, le bâtiment, la production d'énergie, etc., pour disposer, à trente ans, d'un sérieux virage des courbes en matière de consommation de carbone et d'énergie. Les modèles actuellement sur le marché intellectuel, qui sont produits par la Banque mondiale ou par des consultants comme Mckinsey, sont très figés, qui partent de l'hypothèse que tous les secteurs restent identiques et que chacun va croître de la même manière. On utilise les mêmes modèles pour parler du Burkina Faso et de l'Autriche !

Nous avons donc demandé à des laboratoires de recherche français et internationaux de travailler ensemble pour produire des modèles qui tiennent compte des particularités de chaque pays. On sait que l'Allemagne charbonnière n'a rien à voir avec la France nucléaire : nos modèles énergétiques et nos décisions économiques ne peuvent être identiques. Ceci vaut pour le Burkina Faso, pour les pays en développement ou pour les pays émergents.

Il y a quinze ans, l'AFD a financé un projet de mille panneaux solaires au Burkina Faso ; dix ans après, cent seulement avaient été distribués sur le terrain ! L'erreur est venue du fait qu'il n'existait aucun circuit de distribution, aucune règle pour savoir qui allait récupérer la part de subvention accompagnant la distribution de ces panneaux solaires, aucun circuit de maintenance. En outre, les villageois se demandaient ce qu'ils allaient devoir payer par la suite... Dans un programme identique, en Mauritanie, nous avons recouru à un anthropologue pour accompagner la discussion entre l'opérateur local et l'AFD, ce qui s'est avéré un facteur de réussite de ce second projet.

Le modèle environnemental des eaux de Vittel, par exemple, est-il reproductible ? Les Eaux de Vittel rémunèrent les agriculteurs pour qu'ils préservent la qualité de la ressource qui fait la fortune de l'entreprise et de la région. On aimerait s'en inspirer au Vietnam, pour encadrer les pratiques agricoles en amont des hautes vallées, et éviter d'ensabler les rizières en aval, ou dans les pays qui comportent des barrages, pour que les agriculteurs préservent davantage les terres et que les sédiments ne viennent pas obstruer ces ouvrages, annulant ainsi leur utilité. Mais pour y parvenir, il faut s'assurer de la confiance des acteurs, identifier les bonnes institutions, définir des modalités de contrôle et faire en sorte que nos partenaires comprennent l'intérêt à jouer ce jeu : c'est très compliqué.

La production d'une base de données est onéreuse. Nous avons financé une base appelée « profil institutionnel » pour identifier la qualité de la gouvernance institutionnelle, administrative, juridique de 140 pays, ceci pour mieux connaître les liens complexes entre développement économique et qualité de la gouvernance.

Nous avons également cofinancé, avec d'autres partenaires, une base relative aux migrations pilotée par l'OCDE.

Nous aidons à formuler des questions, à partir de notre expérience du développement et dans cette fonction, nous nous heurtons parfois à des logiques de recherche qui paraissent bien déconnectées de la réalité. Je pense, par exemple, à un rapport écrit par la coopération allemande sur la lutte contre l'excision. Ces chercheurs appliquent les théories du calcul économique pour expliquer pourquoi les femmes ne veulent pas arrêter l'excision, alors que la question de l'excision touche au sacré, aux peurs primitives, à l'éducation, et à l'anthropologie. Les chercheurs sont tentés de voir dans la réalité l'illustration de leur doctrine : pour un marteau, tous les problèmes sont des clous !

Nous recherchons donc les méthodes des chercheurs les plus innovantes, pour les mettre en face des bons problèmes. L'AFD doit faire valoir une recherche pour le développement véritablement pluridisciplinaire, qui place l'humain au centre des questionnements. Aujourd'hui, la recherche internationale sur le développement est dominée par les économistes libéraux, qui tiennent de très loin le haut du pavé à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international (FMI) et à l'OCDE. Ce n'est pas seulement une vision idéologique, mais aussi parfois profondément culturelle, américaine, qui infiltre les règles du jeu, celle où les individus parviennent à un optimum par le marché et où les pouvoirs publics sont considérés de manière soupçonneuse et négative. Nous croyons pour notre part qu'il faut recourir bien davantage à la démographie, à la géographie, à la socioanthropologie, à l'histoire, à la philosophie, et faire travailler différents chercheurs sur différents objets : c'est ce qui fait notre originalité.

Cependant, cette pluridisciplinarité restera un voeu pieux si elle ne figure pas dans les procédures mêmes ; j'espère que l'AFD y parviendra prochainement, faute de quoi le champ disciplinaire restera sous le joug de l'économie dominante.

La recherche française dans son ensemble, du fait de notre culture, est bien consciente du rôle régulateur de l'Etat et des autorités publiques. Nous sommes très sensibles à la nécessité des politiques publiques. Au fond, la conception que nous avons du développement articule les lois de l'économie et celles du contrat social propre à un pays. La difficulté vient de ce que nous abordons souvent les choses sur un mode défensif. Les Français - de même que les Allemands et les Hollandais, par exemple - ont bien conscience que le développement économique repose sur un ajustement entre les lois de la société et celles de l'économie. C'est là le rôle du politique ; c'est aussi pour cela qu'il faut des politiques publiques, et que les autorités publiques ont leur importance.

Cette forme d'articulation entre le contrat social implicite d'une société et les lois universelles de l'économie est propre à chaque pays. Je pense que la recherche française peut en jouer et que les relations bilatérales sont préférables pour tenir compte de la spécificité du contrat social propre à un pays : c'est un projet d'ensemble pour la recherche française.

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