J'ai quitté Pondichéry en 1997, et je crois pouvoir dire que ce fut ma plus belle expérience professionnelle, à part la présidence de l'Inra ! Je suis resté membre du conseil scientifique du pôle Asie des IFRE jusqu'en 2011, où j'étais le seul représentant des sciences écologiques, biologiques, à côté des sciences humaines et sociales beaucoup plus largement représentées. Je suis très attaché à ce dispositif.
A l'époque, il y avait un chargé de mission du CNRS, détaché ou mis à disposition, et j'avais réussi, non sans peine, à faire venir un représentant de l'IRD et du Cirad. Les IFRE ne possèdent pas la personnalité morale, ce ne sont pas des établissements publics, mais des établissements à autonomie financière, qui leur confère de fait une assez grande autonomie : nous montions des projets avec la FAO, l'Unesco... La situation budgétaire n'ayant pas dû s'améliorer substantiellement, cette recherche permanente de cofinancements est sans doute plus que jamais nécessaire. Elle permet aussi de mener une politique scientifique en partenariat. Il existe deux instituts en Inde, celui de Pondichéry et le centre de sciences humaines (CSH) à New Dehli, plus récent et plus proche du service de coopération et d'action culturelle (SCAC) de l'ambassade, seul Pondichéry bénéficiant, à l'époque, à la fois d'un adossement aux grands organismes de recherche français que j'ai cités, mais également d'une forte légitimité, liée à son histoire, puisqu'il a été inauguré et voulu par Nehru lui-même. Cet ancrage local est aussi important. Les deux centres sont de bons outils de projection, mais la question de leur adossement et leur inscription dans le paysage local est essentielle. Il me semble cependant que certains instituts en Asie sont plus proches du modèle du CSH, que de celui de l'IFP, où nous avions réussi à monter une coopération avec une institution aussi vénérable que l'école française d'Extrême-Orient, ce qui ne fut pas facile, mais porta ses fruits.