Intervention de Denis Bouchez

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 18 septembre 2013 : 1ère réunion
Aides à la presse — Audition pour suite à donner à l'enquête de la cour des comptes

Denis Bouchez, directeur du syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) :

Je vous remercie et je remercie également la Cour des comptes pour son travail. Pour répondre à votre question, on peut jouer la transparence dans une certaine mesure seulement. Pour les journaux, les aides directes sont connues, elles rentrent même dans le compte d'exploitation de chaque entreprise. En revanche, il est difficile de quantifier les aides indirectes. C'est notamment le cas de l'aide au postage, calculée au prorata de la diffusion des journaux, mais dont les éditeurs ignorent, de fait, le montant exact.

Il y a en réalité deux grandes questions à ne pas confondre. La première est de savoir si notre secteur est capable de se moderniser. Je pense quant à moi, malgré les critiques récurrentes, qu'il s'agit d'un secteur dynamique, qui a su développer une offre numérique et dispose d'une audience massive, notamment auprès des jeunes. La seconde question, distincte de la première, est de savoir si le soutien public au secteur est efficace.

Le chiffre d'affaires global des entreprises de presse s'établit autour de 9 milliards d'euros. C'est un milliard de moins qu'il y a dix ans, mais le nombre des ventes, quant à lui, s'est maintenu. En réalité, la baisse de l'activité correspond à une baisse des recettes publicitaires, en raison, notamment, d'un transfert vers les acteurs technologiques.

La diffusion papier est en érosion mais le portage connaît une dynamique positive. Surtout, il y a une vraie évolution vers les nouvelles technologies, dans lesquelles les journaux français ont investi massivement. C'est le cas d'Internet, avec 25 millions de lecteurs, des téléphones intelligents, avec 8 millions de lecteurs et des tablettes, depuis deux ans, avec 3 millions de lecteurs français. Certes, les jeunes consultent ces sites mais il reste difficile de leur vendre du contenu. Cependant, de façon générale, la presse française a fait sa transition vers le numérique.

La presse écrite représente 200 000 emplois et emploie 66 % des journalistes français. C'est là qu'est l'expertise, la profondeur de l'analyse.

S'agissant de l'impression, le parc a été modernisé, en particulier vers le tout-couleur pour séduire les lecteurs et les annonceurs. Les imprimeries sont désormais communes à plusieurs journaux. Cette modernisation a certes été aidée mais elle n'en est pas moins réussie.

S'agissant du portage, on constate, dans les pays voisins, que la presse quotidienne régionale est forte dès lors qu'il existe un réseau de portage. Il s'agit d'un levier de développement et d'attractivité important, car on peut capter ce moment privilégié du petit-déjeuner, où le journal n'est pas en concurrence avec la télévision. Développer le portage est un défi compliqué car il faut aller chercher les lecteurs, constituer des listes d'adresse, etc. mais la démarche est lancée et il faut la poursuivre. La presse quotidienne régionale a les réseaux nécessaires et nous devrions davantage travailler en synergie pour s'appuyer sur cet acquis.

De façon générale, en matière de soutien public, les entreprises ont besoin d'aides qui soient prévisibles, qui anticipent sur les besoins des acteurs et qui donnent une vision pluriannuelle, pour éviter les à-coups liés au principe d'annualité budgétaire. Il faut une politique de soutien qui s'inscrive dans le long terme.

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