Nous avons encore entendu que la presse française était une exception et la plus aidée du monde. Je pense que nous n'avons pas à avoir honte car si, pour nos confrères irlandais ou britanniques, la comptabilité publique prenait en compte le taux zéro de TVA qui leur est appliqué, si leurs gouvernements prenaient la décision de soutenir une grande agence internationale d'information et imputaient ce soutien sur le budget de la presse au même titre que l'aide à la Poste et aux opérateurs de portage, je pense que l'on pourrait dire la même chose de ces pays-là.
Par ailleurs, il me semble qu'il faut distinguer ce qui relève de l'aide ponctuelle pour soutenir des phases de transition, compte tenu du rôle d'information de la presse et de pivot du jeu démocratique, de ce qui relève de la contrepartie au déficit structurel du secteur en raison de cette mission d'intérêt général. Aujourd'hui, la presse quotidienne régionale (PQR) a 18,5 millions de lecteurs par jour pour 5,2 millions de journaux vendus. Sur les sites Internet, nous retrouvons 16 millions de visiteurs uniques tous les mois et 700 millions de pages vues. Le papier représente 90 % de notre économie, contre à peine 10 % pour le numérique. Nous sommes dans une phase de transition où, contrairement aux pure-players, nous devons réadapter l'ensemble de notre structure. Pour la PQR, 5 500 journalistes garantissent le professionnalisme de la presse. La société vers laquelle nous allons n'est pas une société sans papier mais une société multi-supports. Cela signifie que soutenir la distribution n'est pas jeter l'argent de l'Etat par la fenêtre.
L'efficacité, l'équité et la transparence sont des impératifs s'agissant d'argent public et encore plus en période de crise. Nous saluons donc les études qui sont faites et sommes demandeurs de la transparence.
Après ces considérations préliminaires, je voudrais maintenant aborder la problématique de la distribution. En France, un quotidien régional est vendu en moyenne un euro, dont un coût d'acheminement postal de 66 centimes par exemplaire, ce qui représente une part très importante. La participation demandée pour l'acheminement de la presse nationale est, quant à elle, de 45 centimes par exemplaire. Par comparaison, nos confrères de la presse belge effectuent cet acheminement pour 20 centimes. En France, qui est un pays peu dense, - trois fois moins que la Belgique -, l'aide à l'acheminement et à la distribution est le type d'aide structurelle nécessaire qui permet de maintenir le prix de vente au public à un niveau acceptable.
Dans cette logique d'empilement « presse - la Poste », les abonnements à la presse régionale sont acheminés à 10 % par la poste. La contrepartie du service postal à ce titre aura été de 40 millions d'euros en 2012. Parallèlement, pour acheminer 50 % de sa diffusion par portage, la PQR a perçu 30 millions d'euros. Cela pose question et nous partageons les constats de la Cour mais nous n'arrivons pas aux mêmes conclusions. L'année dernière, l'abondement moyen par quotidien régional posté a été de 24 centimes, contre seulement 3,5 centimes pour un journal porté. De plus, selon les titres, toute catégorie confondue, l'aide à l'exemplaire peut aller de 2,5 centimes à 25 centimes selon les éditeurs. Ces écarts posent question.
Globalement, j'estime, contrairement à la Cour des comptes, que le portage est une réussite. Sur la décennie 2002-2012, le portage de la PQR a augmenté de 12 % alors que tous les autres canaux ont chuté de 37 %. En outre, la couverture par les réseaux de portage de la PQR a augmenté entre 2009 et 2012 de 13 %. Cela représente une couverture totale de 25 000 communes de France, soit 67 % des communes. Nous avons créé des emplois de porteurs, le plus souvent à temps partiel, dont le nombre est aujourd'hui de 22 500.