Intervention de Philippe Goujon

Réunion du 6 décembre 2005 à 9h45
Loi de finances pour 2006 — Sécurité

Photo de Philippe GoujonPhilippe Goujon :

Monsieur le président, madame le ministre, monsieur le ministre délégué, mes chers collègues, notre pays vient de connaître une flambée de violences urbaines sans précédent.

Grâce à la détermination sans faille dont a fait preuve le ministre de l'intérieur, le Gouvernement s'est décidé à faire primer le rétablissement de l'ordre dans les banlieues, contrairement, si j'ai bien compris, à ce que souhaitait M. Peyronnet. §

Même si nous sommes conscients que la répression ne doit pas être la seule réponse, le retour au calme était un préalable non négociable, car « la loi de la République ne peut céder devant la loi des bandes ».

Tirons-en donc les enseignements et reconnaissons que ces désordres traduisent l'épuisement d'un modèle d'intégration dont trop de jeunes ne connaissent que le chômage ou la dépendance aux services sociaux, dans des cités où ce n'est pas le décor qui a créé la misère, mais où c'est la misère qui a trouvé son décor.

Ces désordres démontrent également l'inadaptation de notre dispositif de répression à l'égard des mineurs, rendant plus que jamais nécessaire une ambitieuse réforme de l'ordonnance de 1945.

Comment, à cet instant, ne pas saluer, comme l'ont fait les orateurs qui m'ont précédé, le sang-froid et le professionnalisme des forces de l'ordre, qui ont bien mérité la prime de trois cents euros attribuée à vingt-deux mille agents, ainsi que me l'avait annoncé M. Brice Hortefeux en commission des lois ? La justice serait, comme je l'ai demandé au maire de Paris, que la même prime soit versée à ceux des sapeurs-pompiers de Paris qui ont été engagés eux aussi en première ligne.

Comme l'a expliqué M. le rapporteur, ces événements ont révélé que la frontière entre ordre public et sécurité publique est désormais dépassée. Même si les forces mobiles, par une nouvelle tactique favorisant les interpellations, se sont remarquablement adaptées aux violences urbaines, même si leur nouvelle doctrine d'emploi a permis une baisse plus marquée de la délinquance dans les secteurs ayant bénéficié de leur présence, le moment n'est-il pas venu d'en reverser une partie des effectifs en sécurité publique, quitte à faire évoluer ce concept ?

Une autre question se pose : la coordination régionale francilienne contre les violences majeures, créée en 2002, ne doit-elle pas être consolidée par le renforcement de l'autorité du préfet de police ? Combattre les violences urbaines, c'est aussi combattre la délinquance au quotidien.

Si la capitale a été globalement épargnée, c'est aussi parce que la préfecture de police a été la première à réformer la police de proximité. C'est le gouvernement d'Édouard Balladur qui, par la LOPS, la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité du 21 janvier 1995, a décidé de passer d'une police d'ordre à une police de proximité. Si sa mise en place à partir de 1999 n'a pas eu les effets escomptés, c'est parce que les effectifs nécessaires ont manqué, que la théorie du policier généraliste, idéalisée au colloque de Villepinte, s'est révélée être un mythe, que la police judiciaire a été sacrifiée et que les missions des îlotiers ont été dévoyées.

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