Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, après une succession de Conseils européens marqués par une terrible crise des dettes souveraines ayant très fortement ébranlé et même conduit au bord de l’effondrement l’Irlande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, l’Europe peut enfin regarder vers l’avenir.
Le thème de l’économie numérique ouvre les portes du futur et traduit une véritable mutation du monde. L’économie numérique bouleverse tous les secteurs d’activités, et ce phénomène s’intensifiera dans les années à venir.
Nous le mesurons tous dans nos territoires, urbains ou ruraux. Désormais, la plus petite commune pourra être reliée à n’importe quel point du monde. C’est notre unique manière de concrétiser l’atout que constitue la taille de notre territoire, le plus important d’Europe et d’agir pour que l’égalité des chances soit une réalité pour tous nos concitoyens.
Ce constat, monsieur le ministre, le Sénat l’a dressé en mars dernier, au nom de la commission de la culture, lors de l’adoption du remarquable rapport d’information L’Union européenne, colonie du monde numérique ? de notre collègue Catherine Morin-Desailly. Il doit vous inspirer pour qu’à l’issue de ce Conseil européen, de par vos interventions, l’Europe fasse de l’économie numérique une priorité majeure, car sa compétitivité en dépend.
Néanmoins, l’économie numérique aura un effet très ambivalent sur notre économie à court terme. Comme toute révolution technique, la diffusion du numérique dans toute l’économie conduira à de nombreuses destructions d’activités ou, du moins, au déclin de certains secteurs.
Prenons l’exemple de l’industrie du livre. Amazon s’impose aujourd’hui comme le premier libraire du monde au détriment des librairies traditionnelles. L’achat par Internet banalise le geste et permet à chacun d’accéder à la lecture tout en privant nos librairies de leurs clients. Le livre numérique accentue ce phénomène en mettant le livre papier en concurrence avec de nouveaux supports informatiques.
La naissance de certains secteurs entraîne la disparition d’autres. Bonne ou mauvaise, la théorie de Schumpeter se révèle une réalité.