Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, même si l’ordre du jour du prochain Conseil européen n’est pas encore formellement fixé – il le sera, comme d’habitude, cinq jours avant, lors du conseil des affaires générales ! –, il me paraît clair qu’il faudra de nouveau y aborder le thème de la croissance et de l’emploi, déjà au centre des précédentes réunions.
En effet, la croissance et l’emploi sont les premières préoccupations des citoyens européens. Nous le voyons bien, le retour à la croissance qui s’esquisse doit être conforté et amplifié, pour déboucher sur un recul durable du chômage. N’oublions pas que les pays du sud de l’Europe connaissent encore une situation extrêmement difficile, avec, notamment, un niveau de chômage des jeunes totalement inacceptable : 62 % en Grèce, 55 % en Espagne, 38 % en Italie et au Portugal.
Certes, il serait injuste de dire que, dans cette situation, l’Union européenne en est restée à une attitude punitive, uniquement centrée sur l’orthodoxie budgétaire. Monsieur le ministre, votre prédécesseur avait coutume d’indiquer qu’il ne souhaitait pas que l’Europe devienne une vaste maison de correction. D’ailleurs, ce n’est pas le cas, comme en témoignent les mesures dites « non conventionnelles » mises en œuvre par la BCE, l’application plus souple du pacte de stabilité, l’action engagée voilà un an en faveur de la croissance, puis l’initiative prise pour l’emploi des jeunes, que nombre de collègues ont évoquées.
La France n’a d’ailleurs pas été pour rien dans cette réorientation progressive. Il ne faut donc pas laisser s’accréditer les mauvaises caricatures décrivant une Europe indifférente, coupée des réalités, incapable d’agir, critiques trop faciles qui font le lit des pires formes de populisme.
Pour autant, on ne peut pas en rester là. Comme c’est trop souvent le cas, l’action européenne reste trop lente, trop complexe, peu lisible. On ne perçoit pas la mobilisation générale des moyens annoncée avec le pacte de croissance, qui serait particulièrement nécessaire pour accélérer la reprise et faire revenir la confiance.
Je n’ignore pas que certains éléments ne sont pas favorables à l’expression d’un nouvel élan ; je pense aux incertitudes budgétaires américaines ou à la lenteur de la formation du gouvernement allemande. Cher Jean Bizet, si Mme Merkel a gagné les élections législatives, elle ne dispose pas encore d’une majorité pour soutenir son gouvernement !