Monsieur le président, mes chers collègues, lors de sa réunion du 8 novembre 2012, la délégation a retenu, au titre de son programme de travail pour l'année 2013, l'établissement d'un rapport consacré aux emplois de demain et aux formations à mettre en oeuvre pour s'y préparer. Elle a bien voulu m'en confier la responsabilité.
Bien sûr, mon ambition n'est pas d'espérer apporter des solutions immédiates aux difficultés liées aux taux d'inactivité, et croyez bien que je le regrette ! Mais dans le contexte économique actuel, marqué par une montée importante du chômage, notamment celui des jeunes, il m'est apparu paru utile de réfléchir aux évolutions prévisibles du marché de l'emploi.
Quels sont les secteurs dont on peut prévoir qu'ils seront plus tard recruteurs ? Quelles sont les formations qu'il faudrait prochainement mettre en place - en commençant par former les futurs formateurs -, tant au stade de l'éducation de base qu'au niveau de la formation tout au long de la vie ?
Pour m'assurer de la pertinence et de l'intérêt de ce projet, j'ai déjà conduit une vingtaine d'auditions entre mars et octobre 2013.
Il ressort de ces premières rencontres un certain nombre de constatations, que je vous livre en vrac car elles m'ont troublé.
Premièrement, les données statistiques ne sont pas toutes concordantes, ni tenues très à jour.
Deuxièmement, la multiplicité extrême et le cloisonnement des organismes chargés de la formation ou du placement des personnes à la recherche d'un emploi brouillent le message et accroissent l'opacité de la situation.
Troisièmement, les secteurs probablement recruteurs à terme sont déjà plus ou moins connus, mais seulement si l'on se place dans une optique de prolongement ou de répétition des tendances actuelles ; on imagine rarement les évolutions qui résulteront, par exemple, des progrès technologiques.
Quatrièmement, les compétences à acquérir tendent à devenir transversales ; on peut penser à l'informatique, bien sûr, mais aussi aux savoirs liés à l'environnement.
Cinquièmement, les méthodes d'enseignement, notamment dans l'enseignement supérieur, sont en profonde mutation.
Sixièmement, les parcours professionnels seront à l'avenir plus discontinus qu'actuellement et mieux individualisés, pour tenir davantage compte des aspirations personnelles.
Septièmement, enfin, les conditions d'exercice des métiers seront profondément modifiées, qu'il s'agisse de la localisation de l'emploi, de l'organisation du temps de travail, ou encore des rapprochements intersectoriels.
Telles sont mes premières observations. Afin de poursuivre et d'approfondir notre réflexion, d'autres auditions restent à mener, soit par moi-même, soit en réunion de délégation.
Enfin, j'envisage d'effectuer quelques déplacements. Je me rendrai à Bruxelles, pour y rencontrer la DG Éducation et culture, le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle), les responsables du programme Ecvet (validation des qualifications en Europe). Je compte également aller dans la Vienne, que je connais bien, pour y auditionner le site du Futuroscope, le Cned, l'antenne régionale de Pôle Emploi, ainsi que le CNDP (Centre national de documentation pédagogique). Par ailleurs, je souhaite me rendre sur le terrain en province, pour visiter un OPMQ (Observatoire prospectif des métiers et des qualifications), et en Allemagne, pour rencontrer les responsables d'un centre d'apprentissage.
Je pense pouvoir vous présenter ce rapport d'ici à la fin de l'année 2013, après la tenue rituelle d'un atelier de prospective réunissant divers intervenants du secteur de l'emploi.
Conformément au devis qui sera soumis à l'approbation du conseil de Questure, si vous m'en donnez l'autorisation, les dépenses à engager pour réaliser ce travail devraient s'élever à 17 004 euros.