Et pourquoi nous interdire à nous-mêmes, constitutionnellement, toute politique étrangère indépendante, avant d'en vendre, semble-t-il, le siège historique du Quai d'Orsay ?...
La politique étrangère et de sécurité commune, ou PESC, proposée, loin de faciliter l'harmonisation, multipliera les causes de conflits. Détiennent des compétences : le président du Conseil européen, le président de la Commission, ainsi qu'un « ministre des affaires étrangères européen ». Les décisions devront se prendre à l'unanimité des Etats membres, le tout devant être « compatible » avec l'OTAN, laquelle est dirigée depuis le Pentagone, comme nous le savons.
Au mieux, cette PESC conduirait à la totale paralysie et au silence gêné. Au pire, elle provoquerait une cacophonie ridicule, écartant les pays d'Europe de la scène internationale. Qui a oublié que dix-sept Etats sur vingt-cinq, malgré l'absence manifeste de la moindre preuve de l'existence des fameuses « armes de destruction massive », ont suivi aveuglément George Bush ? Au fond, cet effacement ne gênerait pas beaucoup la plupart des autres pays membres et encore moins les Etats-Unis, car « l'Europe puissance » est un fantasme.
Mes chers collègues, ce traité instituant une Constitution européenne, préparé selon une procédure exorbitante du droit et de la démocratie, prévoyant une procédure de révision impraticable, rendra la vassalisation de l'Europe définitive.
Derrière la façade, c'est un dessein politique et social qui est insinué, dont l'effet sera de réduire la démocratie à un jeu d'apparences, d'instituer un libre-échange intégral ruineux pour nos producteurs, pour nos entreprises, pour les salariés de ce pays, destructeur pour la cohésion sociale, d'établir une sorte de ploutocratie et de niveler la diversité des cultures.
De concert avec le ministre des finances britannique Kenneth Clark, le général de Gaulle s'ingéniait à créer « les Etats d'Europe unis » mais non « les Etats-Unis d'Europe ». Si le général de Gaulle était encore là aujourd'hui - vous allez m'objecter qu'il a disparu depuis trente ans - pensez-vous qu'il dirait oui à la Constitution européenne ?