Le fait que la situation en Libye soit quasiment ignorée à l'étranger est pour moi particulièrement grave. C'est comme si Kadhafi avait gagné deux fois. Les femmes sont doublement victimes : par le viol qu'elles ont subi et ensuite parce que leur vie est menacée par leur famille elle-même. Nous, les militantes, essayons de protéger les victimes, qui risquent d'être tuées pour « laver la honte ». Je pense que le viol en temps de guerre n'a rien à voir avec les autres formes de violence. Une part de ces femmes est morte, même si elles sont apparemment vivantes. Il faut voir le regard de ces femmes : c'est un regard mort. On ne peut pas imaginer par quoi elles sont passées. Elles restent marquées à tout jamais. C'est pourquoi la reconnaissance comme victimes de guerre est essentielle pour elles.