Les enfants nés des viols sont, pour la plupart, séropositifs. Ils deviennent enfants-soldats, enfants des rues, ou enfants-sorciers. À Kinshasa, j'ai déployé la créativité nécessaire pour trouver des fonds permettant à une association d'héberger des enfants et de les soustraire aux conflits religieux qui, là comme en Centrafrique, menacent leur vie. Il est indispensable de reconnaître les victimes, à défaut de pouvoir les indemniser, afin qu'elles puissent se reconstruire.
J'ai interpellé l'ONU pour demander à la MONUSCO d'élargir sa protection. Je me suis adressée au ministre français des Affaires étrangères. Chaque fois, la réponse est d'abord négative. Mais ce n'est qu'un point de départ, qu'il faut s'efforcer de surmonter pour aboutir à un « oui ». Il faut pousser les murs : mon équipe et moi nous y employons. Aujourd'hui, des bataillons de la MONUSCO protègent la population civile. Pour le reste, ce sont des pays que j'interpelle, grâce aux liens de la francophonie : les textes fondateurs de l'OIF défendent les droits de l'homme. Les pays où le gouvernement a été renversé par la force sont suspendus de l'OIF. Or ils appartiennent à 80 % à la francophonie. Le champ des possibles est donc vaste. Je souhaite inscrire dans les textes fondateurs de l'OIF que si un pays ne protège pas ses populations civiles, notamment ses femmes, il sera exclu de l'espace géopolitique, économique et linguistique que nous représentons. En 2050, il y aura 800 millions de locuteurs du français, dont 80 % en Afrique. Représentante personnelle du président de la République dans l'OIF, je puis interpeller les chefs d'États et conduire des actions concrètes. J'ai besoin de vous pour réfléchir à l'avenir. Nous ne pouvons pas combattre au côté des Africains pour la démocratie sans mettre la question des femmes au centre des projets d'avenir.