Intervention de Yasmine Flitti

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 12 décembre 2013 : 1ère réunion
Violences à l'égard des femmes dans les territoires en conflit — Table ronde des soignants et de l'aide humanitaire

Yasmine Flitti, membre de la direction du Comité médical pour les exilés (COMEDE) :

Les femmes qui ont été victimes de violences en territoires de conflit et qui arrivent chez nous sont celles qui ont survécu. Elles ont connu un parcours de migration au cours duquel elles ont parfois subi des violences. Le Comité médical pour les exilés (COMEDE) a mis en place trois dispositifs pour veiller à la santé de ces exilées et défendre leurs droits, que je vais vous décrire en vous donnant les chiffres de l'année 2012, seuls disponibles à ce jour.

Nous portons une attention particulière aux problèmes spécifiques des femmes exilées et veillons à produire des données par genre sur les violences subies dans leur pays ou lors de leur parcours migratoire ainsi que sur leur vulnérabilité spécifique et leur état de santé. Nous avons reçu 782 femmes exilées au Centre de Bicêtre, 149 à l'Espace santé-droit et 1 652 ont été accompagnées lors des permanences téléphoniques. Sur les 514 femmes suivies en consultation médicale au Centre de santé, 65 % ont déclaré des antécédents de violences, parmi lesquelles 14 % ont déclaré des antécédents de torture et 28 % des violences liées au genre. Les femmes reçues au Centre de santé ont moins souvent une couverture maladie que les hommes : 68 % en sont dépourvues, contre 62 % des hommes. Un tiers d'entre elles souffre d'isolement social et relationnel : 30 % n'ont pas de proches, contre 21 % des hommes ; et 29 % d'entre elles n'ont personne pour les accompagner dans leurs démarches juridiques, alors qu'elles ne parlent pas le français.

Sur les 782 femmes exilées accueillies au Centre de santé, 586 sont en cours de demande d'asile, mais 96 % d'entre elles ont été à un moment ou à un autre en situation de séjour précaire. Les principaux pays d'origine sont la RDC, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Sri Lanka. Les femmes venant d'Afrique centrale sont deux fois plus fréquemment atteintes du Sida que les hommes, celles Afrique de l'Ouest, six fois plus. Ces femmes souffrent aussi plus souvent de psycho-traumatismes graves (deux fois plus que les hommes), de maladies cardiovasculaires (deux à quatre fois plus selon les régions) ou de cancers, dont elles sont atteintes trois fois plus fréquemment que les hommes. Ces chiffres montrent bien que les femmes exilées sont particulièrement vulnérables.

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