Intervention de Laure Wolmark

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 12 décembre 2013 : 1ère réunion
Violences à l'égard des femmes dans les territoires en conflit — Table ronde des soignants et de l'aide humanitaire

Laure Wolmark, responsable du service psychothérapie et santé mentale du Comité médical pour les exilés (COMEDE) :

Les femmes dont nous parlons ont fui des violences et ce qui leur est arrivé a laissé des traces durables. Ainsi, sur 49 femmes enceintes exilées reçues en 2012, onze l'étaient suite à un viol. Elles sont souvent séparées de leurs proches, mais en charge d'un ou plusieurs enfants. Leur situation administrative est précaire, elle le demeure le plus souvent puisque moins de 30 % des demandeuses d'asile obtiennent le statut de réfugié. Pour des femmes qui ont vécu des violences, la longueur de la procédure d'asile, qui les empêche de travailler et les oblige à faire plusieurs fois, devant des personnes différentes, le récit des violences qu'elles ont subies, risque d'aggraver le trouble psychique dont elles souffrent déjà.

Ne pas obtenir le statut de réfugié, donc être privées de protection internationale, représente aussi pour elles un déni de reconnaissance symbolique et a pour conséquence l'aggravation de leur précarité sociale. Ainsi, plus de 20 % des femmes exilées que nous recevons n'ont pas mangé à leur faim la veille de la consultation ; 95 % d'entre elles n'ont pas d'hébergement à elles ; 10 % vivent dans la rue. Elles ont fui une insécurité et en retrouvent une autre - qui n'est pas comparable, certes. Elles peuvent être remises à la rue après avoir été déboutées de leur demande d'asile, puisqu'un mois après le rejet définitif, elles n'ont plus de droit à hébergement. Elles se trouvent ainsi exposées de nouveau : il n'est pas rare que nous voyions revenir l'une d'entre elle, violée par exemple parce qu'elle est restée trop tard à la gare du Nord. Les services ou associations qui interviennent auprès des personnes sans domicile fixe (SDF) ou des femmes victimes de violences ne s'intéressent pas suffisamment à ces cas-là. Leur situation n'est pas prise en charge en tant que telle par les dispositifs d'hébergement d'urgence auxquels permet d'accéder le numéro 115.

L'accès à l'hébergement est donc une priorité absolue. Le droit d'asile et la protection internationale sont indispensables. Le droit au séjour pour raisons médicales doit être donné aux femmes qui souffrent du VIH, d'hépatites ou de traumatismes psychiques. Leur accès aux soins doit être facilité par un meilleur interprétariat professionnel et une meilleure diffusion de l'information sur les structures de soins spécialisées. Il faut aussi dissiper les préjugés défavorables des professionnels, qui peuvent parfois les soupçonner de simuler des troubles pour obtenir des droits sociaux.

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