Vous soulignez le décalage entre la réalité objective et la perception de la situation, néanmoins les entreprises se plaignent de manière récurrente de difficultés d'accès au crédit. Beaucoup négocient âprement avec leurs banques. Elles sont handicapées par la logique draconienne du système de cotation de la Banque de France qui met l'accent sur le passé. Comme élus de terrain, nous constatons les difficultés des entreprises, car elles s'adressent d'abord au maire. Les banques ne sont pas les seules en cause : les assureurs-crédit classent systématiquement certaines activités en zone rouge, comme l'industrie automobile, ce qui pénalise les sous-traitants. Le problème existe bel et bien hélas : le sous-préfet de mon arrondissement partage mon inquiétude.
Les entreprises s'autocensurent, mais il s'agit parfois d'entreprises saines. Je connais des entreprises qui se sont vu refuser un crédit et dont l'investissement, financé ensuite grâce par l'Agence française de développement, s'est révélé excellent. Les ratios de la Banque de France, les calculs des banques procèdent d'une logique purement financière et ne tiennent pas compte des spécificités de l'industrie : des crédits sont refusés pour des considérations financières de court terme alors que les investissements industriels doivent s'évaluer sur la durée. Il faudrait que l'Observatoire du financement des entreprises s'interroge sur le système de cotation de la Banque de France, très pénalisant pour les entreprises.