Effectivement bitcoin n'est pas une monnaie, c'est avant tout une technologie, qui est libre et qui existe depuis plus de cinq ans. Elle a été spécifiée en 2008 et mise en activité en janvier 2009.
Plus précisément, c'est un protocole technique. C'est un réseau de transactions sur Internet complétement décentralisé, pair-à-pair (peer-to-peer) et « open source ». C'est également une unité de compte qui circule sur ce réseau.
Parler de bitcoin en ne parlant que de l'unité de compte, c'est oublier la moitié du sujet, qui est le réseau de transactions électroniques. Il a d'ailleurs toujours été défini comme un système de paiement électronique et non comme une monnaie.
Ce système a de la valeur pour deux raisons. D'une part, il existe avec un nombre d'utilisateurs important, avec une puissance de calcul informatique également très importante, avec une résilience forte et une sécurité qui s'accroît de jour en jour. D'autre part, l'une des caractéristiques de l'unité de compte bitcoin est d'être émise en quantité limitée. Le bitcoin est donc rare et pourrait être assimilé à une action du réseau bitcoin. C'est un statut un peu hybride.
Les paiements électroniques peuvent être opérés de trois manières différentes. Le système classique, par carte bancaire, met en présence quatre acteurs : le marchand et l'acheteur, ainsi que leurs deux banques. Ce système de paiement est fondé sur le prélèvement du montant à payer sur le compte de l'acheteur. Il est susceptible de générer des fraudes puisque l'acheteur est obligé de révéler l'ensemble des informations bancaires pour procéder aussi bien à un paiement de 5 euros que de 1 000 euros.
Il existe également un système à trois acteurs, privatif, de type American Express, où l'intermédiaire financier est à la fois le prestataire du marchand et de l'acheteur.
Enfin, on trouve les systèmes de pair-à-pair : le marchand est directement en relation avec l'acheteur. Bitcoin est le premier véritable réseau de pair-à-pair sans tiers de confiance au milieu. La confiance est distribuée à l'ensemble des participants au réseau.
Je voudrais souligner que le protocole bitcoin étant libre, l'ensemble de la technologie appliquée est auditable par tout le monde et cela depuis cinq ans. On peut donc dire que la technologie est extrêmement sûre et fiable. Je ne m'attarde pas sur ces aspects techniques.
En tant que technologie innovante, nous, Paymium, assimilons bitcoin à Internet, le courriel ou encore la voix sur IP. En leur temps, ces technologies, libres, ont été beaucoup décriées et ont bouleversé de nombreuses habitudes. Bitcoin est le premier protocole libre en matière de paiement électronique. Ce doit être un élément suffisant pour considérer que cette technologie est à l'origine d'opportunités importantes dans le domaine du paiement, comme le courriel l'a été dans le domaine des télécommunications.
Il existe aujourd'hui plusieurs moyens de paiement électroniques, tels que Paypal, Paylib, Buyster, etc. qui ont un point en commun, à savoir celui d'être privatifs. Si vous êtes porteur d'un moyen de paiement Paypal ou Buyster, vous ne pouvez pas payer sur un moyen différent de celui que vous possédez. Et pourtant, vous parlez de la même monnaie, vous êtes dans le même pays et vous disposez des mêmes banques. Dès lors, l'accès à ces moyens de paiement est limité et leur développement semble voué à l'échec.
Il y a trente ans, en France, a été créé le Groupement Carte Bancaire, qui a eu un mérite, unique dans le monde entier, celui de développer l'usage de la carte bancaire grâce à l'interbancarité. On ne se pose pas la question de savoir si, en tant que client d'une banque, on peut payer chez un marchand dont le compte est ouvert dans une autre banque. Réaliser un tel groupement dans le cadre des paiements électroniques serait un effort insurmontable pour le concrétiser à l'échelle au moins européenne.
Pour promouvoir l'interopérabilité des moyens de paiement, il faut s'adosser à des technologies libres pour que tout le monde soit d'accord sur la technologie utilisée. Bitcoin peut être cette technologie et nous le considérons comme une passerelle et comme un moyen d'interopérabilité entre les moyens de paiement au bénéfice des porteurs et des marchands, mais aussi des banques et des tiers de confiance qui vont pouvoir construire des solutions adossées à ce protocole.
Pour finir, je voudrais parler de Bitcoin Central, qui est le coeur de l'activité de Paymium. Il s'agit d'une place de marché sur laquelle des acheteurs et des vendeurs peuvent acquérir ou vendre des bitcoins contre des euros, ou inversement. Elle fonctionne en partenariat avec un établissement de paiement, organisme agréé par la Banque de France, autorisé à effectuer des activités de paiements électroniques. Il réalise la tenue de compte de nos clients, en euros, dans le respect des règles prudentielles de connaissance des clients, et ce dès le premier centime d'euro sur chacune des transactions.
La sécurité, chez Bitcoin Central, est un point majeur et nous pratiquons un stockage des bitcoins de nos clients totalement en dehors du réseau. Notre territoire, c'est l'Europe car il n'existe pas de marché français. Le marché est majoritairement américain puis nord-européen. En France, il est le moins développé des pays européens. Il est de notre devoir de faire croître notre activité partout en Europe pour créer un acteur majeur dans le domaine du paiement électronique, qui s'appuierait sur une réglementation française et européenne depuis l'origine.