Intervention de Jean-Michel Cornu

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 15 janvier 2014 : 1ère réunion
Enjeux liés au développement des monnaies virtuelles de type bitcoin — Table ronde

Jean-Michel Cornu, directeur scientifique de la fondation Internet nouvelle génération :

Certaines questions sont effectivement liées et je vais y répondre, plus ou moins rapidement selon mon propre domaine de compétences, en procédant à un certain nombre de distinctions.

Tout d'abord, concernant la « centralisation » de bitcoin, on dénombre aujourd'hui 12 millions de bitcoins pour 100 000 processeurs, ce qui ne signifie pas autant d'utilisateurs puisqu'une technique consiste à multiplier le nombre d'ordinateurs pour être davantage rémunéré. En effet, le détenteur de l'ordinateur est rémunéré à chaque fois que sa machine sera choisie aléatoirement parmi les 100 000. Avec plusieurs ordinateurs, il va donc pouvoir gagner plus de bitcoins.

Il est, par conséquent, difficile de connaître le nombre d'utilisateurs, de même que le nombre de « mineurs » car, par définition, il n'est pas possible de connaître les personnes faisant des transactions à l'intérieur du système bitcoin. L'identité des personnes ne peut être connue, à condition évidemment d'une régulation adéquate, que lorsqu'elles vont transformer des bitcoins en monnaie ayant court légal. Si je fais des transactions à l'intérieur du système, je peux être « mineur » et rester invisible, mon identité ne sera connue que dès lors que je transforme les bitcoins en argent, par exemple en euros, pour faire d'autres achats. À ce moment-là, il est possible d'imaginer connaître les identités des utilisateurs, à condition de régulation adaptée, à l'instar de ce qui s'est apparemment passé, si j'ai bien compris, dans la collaboration entre la société Paymium et les douanes.

Il faut donc bien distinguer le passage de bitcoin vers l'extérieur, qui peut être facilement régulé et où il est relativement facile d' « installer des radars », du système bitcoin « à l'intérieur », où les radars permettront de voir les transactions, mais pas les personnes qui les effectuent. C'est là que se trouve la difficulté. Par analogie avec la sécurité routière, je peux mettre des radars au sein du système, je saurai la vitesse de la voiture mais je n'aurai pas la plaque d'immatriculation.

Ceci correspond à la première distinction que je souhaitais faire, entre « bitcoin à l'intérieur » et bitcoin avec le « reste du monde ».

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