L'intervention en Centrafrique doit avoir une base légale : nous devons donc attendre la décision du Conseil de sécurité. Nous souhaitons organiser une opération en coopération avec l'Union africaine et avons offert de la préparer en Grèce, où nous disposons du groupement tactique européen, qui est dirigé ce semestre par la Grèce.
La situation politique en Turquie est actuellement complexe. Nos relations bilatérales sont liées à la perspective européenne comme au problème chypriote. La résolution de celui-ci, comme l'acceptation de l'acquis communautaire, sont des conditions nécessaires à l'amélioration définitive de nos relations. La stratification sociale et politique de la Turquie laisse pressentir une certaine stabilité parlementaire. Le problème est institutionnel : le président sera élu sans véritables compétences. Au sein du parti dirigeant, le rapport de force est complexe, et le pays souffre de divisions ethniques et religieuses. Les relations bilatérales de la Turquie avec ses voisins sont partout en crise : Syrie, Irak, Liban, Iran... Si la perspective européenne de la Turquie nous semble un horizon stable, il est difficile de rendre ce pays plus démocratique lors d'une période marquée par une confrontation entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire. Mieux vaut attendre quelques mois.
La justice pénale grecque a estimé que, si l'Aube dorée était bien un parti politique, il abritait aussi, en son sein, une organisation criminelle. Certains députés, légitimement élus, sont membre de cette organisation criminelle qui fait l'objet d'une enquête pénale. Les sondages montrent qu'une partie de la société grecque est favorable à des idées anti-européennes. Il ne s'agit pas d'un courant néonazi, mais d'une réaction à la crise, aux politiques d'austérité et à l'incapacité des institutions européennes de répondre aux vraies préoccupations des citoyens. C'est pourquoi nous devons proposer une autre narration sur l'avenir de l'Europe. Les institutions doivent améliorer leur communication envers les citoyens et sortir du discours bureaucratique pour investir le champ politique. Il faut plus de transparence et les dirigeants doivent s'affranchir du conservatisme auquel ils sont insensiblement enclins.
Il y a entre la France et l'Allemagne un rapport de force économique et politique. La France est un grand pays, membre permanent du Conseil de sécurité, qui a une vision globale. Mais, sur la gestion des déficits et de la dette et en termes de puissance économique, c'est l'Allemagne qui domine. Il y a un déséquilibre flagrant. La troïka, entité provisoire et hybride, n'existe que parce que le FMI a été mêlé aux affaires européennes. Pourtant, il avait été créé à l'intention des pays en développement et non pour le noyau dur de la zone euro ! Sa présence reflète la méfiance extrême de chaque gouvernement allemand envers la Commission et envers la dimension communautaire de la procédure européenne : elle témoigne d'une préférence pour la méthode intergouvernementale. Il faut, le plus souvent, pour des raisons de souveraineté et de dignité nationale, respecter l'unanimité. Pour le FMI, comme pour le gouvernement américain, l'interlocuteur valable c'est l'Allemagne : quand le secrétaire du Trésor américain vient en Europe, il s'entretient avec le ministre des finances allemand, non avec les commissaires ou l'Ecofin. Il importe donc au plus haut point de rétablir l'équilibre de l'axe franco-allemand.
Il est vrai que les annonces sont nombreuses sur l'Europe sociale. Mais, en pratique, rien ne se produit. C'est que la priorité absolue est donnée à la réforme du système bancaire européen, qui assure le lien entre la sphère financière et l'économie réelle. La question de la garantie des dépôts à l'échelon européen reste une question ouverte : il existe une garantie nationale, par la Banque centrale et l'État ; il s'agit de créer un mécanisme européen.
Je ne puis répondre dans le détail à la question portant sur la pêche, mais je la poserai à mon collègue ministre de l'agriculture et à la commissaire concernée.