Intervention de Françoise Moulin-Civil

Mission commune d'information sur les rythmes scolaires — Réunion du 10 décembre 2013 : 1ère réunion
Audition de Mme Françoise Moulin-civil présidente du comité de suivi de la réforme des rythmes scolaires

Françoise Moulin-Civil, présidente du comité de suivi de la réforme des rythmes scolaires :

S'agissant de l'inégalité des territoires devant la réforme, je dois reconnaître qu'une réforme, pour exister comme telle, se doit d'être appliquée sur l'ensemble du territoire national et qu'une grande latitude est toutefois laissée aux territoires pour répondre à ses objectifs. En revanche, le bénéfice de la réforme, en termes d'apprentissage et de formation, reste le même partout et concerne tous les enfants dès lors qu'est améliorée l'organisation du temps scolaire ! En outre, alors que l'offre périscolaire, qui préexistait à la réforme, n'a jamais été uniforme à l'échelle du pays, la réforme a le mérite d'offrir bel et bien une offre périscolaire à tous les enfants.

Les coûts médians induits par la mise en oeuvre de la réforme ont été estimés par l'Association des maires de France (AMF) à 150 euros par élève. Certaines communes rurales, notamment dans l'Académie de Dijon où 16 communes ont mutualisé leur offre périscolaire, peuvent abaisser le niveau de ces dépenses. Il convient également d'aller au-delà de cette estimation en la rapportant au budget de la commune concernée car, pour certaines communes, placées dans une situation budgétaire délicate, une telle dépense peut s'avérer lourde !

L'allégement de la journée scolaire dans les classes maternelles est bel et bien un objectif de la réforme. S'il faut laisser les enfants se reposer, encore faut-il, dans certains cas, convaincre les parents du bien-fondé d'une telle démarche, car ceux-ci n'hésitent parfois pas à les surcharger d'activités au-delà du temps passé à l'école. La réflexion sur les temps scolaire et périscolaire doit ainsi inclure le temps passé au sein des familles.

Il faut par ailleurs laisser aux enseignants, dont certains peuvent être réticents, le temps de s'approprier le contenu d'une réforme qui bouscule leurs habitudes de travail et modifie l'organisation du temps scolaire. Rappelons cependant que le passage à la semaine de quatre jours, intervenu en 2008, a suscité l'opposition de l'ensemble des enseignants de l'époque. Les formations des enseignants, qui se déroulent généralement les mercredis après-midi, fournissent l'occasion d'un accompagnement dans la mise en oeuvre de la réforme.

Sur la fatigue des élèves, je vous recommande d'auditionner le chronobiologiste François Testu pour lequel « la fatigue n'existe pas chez les enfants » ! Au-delà de cette expression qui peut susciter la polémique, c'est l'ensemble des facteurs qui concourent à fatiguer les enfants qui doit être pris en compte, et pas seulement le temps passé dans les activités scolaires ou périscolaires. D'ailleurs, notre rapport consacre un chapitre aux prochains programmes de maternelle, devançant quelque peu le CSP qui doit rendre ses conclusions au ministre en février prochain. Les programmes de maternelle devraient être allégés et contribuer à l'éveil des enfants et ce, de la petite à la grande section ! Il ne s'agit pas d'apprendre à lire et à écrire à la maternelle même s'il arrive que les familles le demandent !

L'application à la lettre des programmes n'est pas très courante, car l'adaptation aux enfants a toujours été préconisée. La mobilisation des corps d'inspection est également nécessaire sur cette question.

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