Il est important de noter que le Maroc évolue de manière autonome au sein du Maghreb. J'apporte deux points liminaires à mon propos : le réchauffement des relations entre la France et l'Algérie n'a pas eu d'impact négatif sur notre relation avec le Maroc ; et par ailleurs, le Maroc est un pays qui poursuit sa modernisation, qu'elle soit institutionnelle, économique, ou sociale.
L'Union européenne apporte un concours important à cette modernisation avec le plan d'action Maroc-UE, qui vise à développer le statut avancé du Maroc (qui est le seul pays du Maghreb à bénéficier d'un tel statut), ce qui concerne entre autres, l'harmonisation des normes, mais aussi les institutions, la justice, les droits de l'homme. Tout cela devrait mener vers la conclusion d'un accord de libre-échange complet et approfondi (qui pose un certain nombre de problèmes, notamment sur la question des produits agricoles).
Ce plan comporte également un volet consacré à la politique étrangère et à la politique de sécurité, ce qui prend une importance particulière lorsque l'on connaît le rôle que joue le Maroc dans la sécurisation du Sahel.
D'autre part, il convient de noter l'implication du Maroc en Afrique par sa diplomatie d'influence : il envisage d'envoyer un contingent en RCA, il a facilité l'intervention française au Mali et avait déployé un hôpital militaire de campagne à Bamako.
La question du Sahara Occidental reviendra sur le devant de la scène comme à chaque printemps. Le Conseil de sécurité des Nations unies devra procéder au renouvellement du mandat de la MINURSO. J'en profite pour rappeler la position du Président de la République sur ce sujet, qui est la même que celle du Président précédent, à savoir de considérer comme une base de négociation utile la proposition d'autonomie élargie de cette région, faite par le Maroc. La position française vise à encourager les progrès sur le plan des Droits de l'Homme. Sur ce point, on note que le Maroc a mis en place une institution de régulation, la CNDH, qui publie des rapports et accepte le regard international. Mais il s'oppose à toute extension du mandat de la MINURSO. On note également que le Conseil économique, social et environnemental a publié un rapport intéressant, lequel a été initié par celui qui est maintenant l'ambassadeur du Maroc en France. Le rapport du CESE contient d'ambitieuses propositions pour le développement du territoire en associant davantage sa population.
Sur le plan de la politique intérieure, le PRI s'est substitué à l'Istiqlal au sein du gouvernement de coalition qui reste dirigé par M. Benkirane du parti islamiste modéré de la Justice et du Développement (PJD).
Sur le plan économique, on note une véritable progression du Maroc. Une initiative, que nous avons pu voir sur place, est celle de la colocalisation d'activités avec des entreprises françaises. Le site de Tanger Med est à ce titre très intéressant. Le concept se distingue des délocalisations en ce qu'il concerne des activités de production ou de maintenance qui ne peuvent plus être réalisées totalement en France en raison du coût de la main d'oeuvre. Le concept est donc d'une répartition de la valeur ajoutée d'une même chaîne d'activités en France et au Maroc. Par exemple et dans la même idée, ¾ des avions Air France sont entretenus à Casablanca.