La réforme des rythmes scolaires poursuit deux objectifs qui sont aussi les nôtres. La semaine scolaire comptera désormais cinq matinées d'enseignement, le matin étant propice aux apprentissages, notamment chez les élèves les plus fragiles. Elle ouvre des espaces supplémentaires pour des activités péri-éducatives, particulièrement utiles, là aussi, aux élèves de milieux défavorisés.
Notre syndicat juge donc favorablement la réforme. Néanmoins, celle-ci soulève des difficultés ; il faut les regarder en face et les traiter. D'abord, elle bouscule des habitudes ancrées depuis des décennies : ainsi des horaires, qui varieront selon les écoles - et même selon les jours, au sein de chaque école. Un autre problème est que le temps périscolaire n'est pas à la charge de l'éducation nationale mais qu'il occupe d'anciens créneaux horaires de l'école.
La mise en oeuvre est fondamentale et la nouvelle organisation se décide au niveau local. Les acteurs de terrain doivent s'approprier la réforme, dépasser les craintes et les appréhensions, imaginer une nouvelle organisation, savoir ce qu'il est possible de faire. Une autre difficulté tient à la multiplicité des acteurs : enseignants, parents, pouvoirs publics et collectivités locales dans leur diversité. Les partenaires doivent oublier les modèles préétablis pour innover. Parmi les difficultés, il y a aussi le coût, et les ressources humaines - il faut beaucoup d'intervenants. Enfin, la nouvelle organisation de leur temps de travail a un impact sur la vie personnelle des enseignants. Dans une profession largement féminisée, cinq jours de présence au lieu de quatre ont des répercussions...
Après quelques mois, on ne saurait tirer des leçons définitives ni établir un bilan, mais l'observation sur le terrain montre qu'il faut du temps aux partenaires pour s'accorder. La mise en route, à la rentrée, a été lente. Je voudrais aussi attirer l'attention sur l'école maternelle : comment prétendre y reproduire sans adaptation ce qui a été prévu pour le primaire ?
Il apparaît que la semaine de quatre jours et demi amène un climat scolaire apaisé. Un temps plus long est consacré aux apprentissages. Quant au temps périscolaire qui suscitait bien des doutes, les usagers y trouvent finalement grand intérêt. La professionnalisation des intervenants est essentielle, car il ne s'agit pas de garderie !
On voit émerger le souci d'une meilleure articulation des temps scolaires et périscolaires. Elle n'est pas encore parfaite, est-il nécessaire de le préciser ? Il faut que l'institution accompagne la mise en place de la réforme, que la communication se renforce en direction des familles qui ne sont pas préparées à la nouvelle organisation, comme on l'a vu à la rentrée dernière. Il faut également dégager du temps pour que les équipes puissent construire les projets, les horaires, l'articulation des temps, les contenus.
Veillons à la qualité du dialogue entre les acteurs et bien des malentendus et blocages disparaîtront.
Penchons-nous avant tout sur des aspects très concrets, qui fait quoi à quelle heure et dans quels locaux, etc. Le directeur d'école devrait se voir allégé de certaines tâches administratives, au moins à la rentrée, car il est très sollicité.
L'articulation de la vie professionnelle et familiale des enseignants est plus difficile à présent : les temps partiels doivent être accordés facilement.
Aujourd'hui, il faut nous concentrer sur la concordance des temps ; ensuite, cependant, nous devrons revenir au contenu des projets éducatifs territoriaux, pour leur donner plus de corps et de vie.