Intervention de Caroline Saliou

Mission commune d'information sur les rythmes scolaires — Réunion du 8 janvier 2014 : 1ère réunion
Audition de responsables d'associations de parents d'élèves

Caroline Saliou, présidente de l'Association des Parents d'élèves de l'enseignement Libre (APEL) :

L'enseignement catholique a constitué un groupe de travail sur la mise en place des rythmes scolaires.

Au fil des mois, lors de la refondation de l'école, on s'est aperçu que les activités de l'enfant n'étaient pas toujours au coeur de la réforme et que chacun -parents inclus- tentait de tirer la couverture à soi. Nous tenons à garder un regard positif sur cette réforme, car nous savons depuis longtemps que les rythmes ne sont pas bons : 70 % des élèves de 4e déclarent s'ennuyer au collège... Près de 150 000 élèves sortent du système scolaire sans formation. N'est-ce pas la preuve que le rythme scolaire ne leur a pas convenu ?

Continuons la réforme, arrêtons de la dénigrer et cessons de nous focaliser sur le périscolaire. L'enjeu est l'organisation de la journée, de la semaine, de l'année, ce qui implique une refonte des programmes. C'est dire que cette réforme demandera du temps pour aboutir.

La première étape doit être la concertation au sein de l'établissement, pour définir un projet d'établissement et un rythme adapté.

La vie de la classe est le coeur de la réforme. Il nous semblait, comme aux chronobiologistes, que la coupure du mercredi matin était pertinente et que l'école du samedi matin devait être privilégiée. Les fédérations de parents doivent expliquer aux familles l'utilité de la coupure du mercredi. Le samedi matin peut permettre de revoir certaines acquisitions, tandis que c'est l'occasion pour les parents de rejoindre l'école, même si cela peut être plus problématique pour les parents divorcés.

Il faut aussi qu'une pause méridienne d'une heure et demie soit assurée. Les enfants en ont besoin.

Le périscolaire n'est pas le coeur de la réforme, mais doit s'articuler avec le projet d'établissement et le projet éducatif. Les enfants y développent d'autres compétences grâce auxquelles ils retrouvent, le cas échéant, confiance en eux s'ils sont en échec à l'école et si l'articulation avec l'école est bien pensée. De plus, ces activités constituent une opportunité pour les enfants de familles défavorisées de découvrir des activités qu'ils n'auraient jamais pratiquées autrement. Évidemment, cette période périscolaire ne doit pas être conçue comme une garderie ou un gardiennage qui n'apporte rien aux enfants, voire qui les fatigue davantage.

La thématique des devoirs à l'école a été abandonnée. Nous sommes déçus. L'égalité des chances exige que les devoirs soient faits à l'école.

Les difficultés rencontrées tiennent pour beaucoup au fait que les directives ont été imposées ; il faut laisser une grande autonomie aux établissements et aux communautés éducatives pour définir leurs projets et adapter leurs rythmes : par exemple, les spécificités de l'outre-mer ne sont pas celles de la métropole.

Il faut aussi réfléchir à l'année scolaire : pourquoi ne pas réduire les vacances scolaires ? Quid du mois de juin qui s'apparente de facto à un temps de vacances ?

Nous souhaitons une différenciation entre primaire et maternelle. Malgré les problèmes rencontrés, comme l'oubli des projets d'établissement, il faut cesser d'être négatif et ne pas méconnaître les succès liés à la réforme. Les communes ont un rôle à jouer dans l'organisation du temps périscolaire. C'est nécessaire, car les élèves d'aujourd'hui sont les citoyens de demain. Mais toutes les communes ne s'impliquent pas autant...

L'enseignement catholique a parfois du mal à obtenir les fonds d'amorçage : certaines communes se font tirer l'oreille.

La concertation, le dialogue, la réflexion, l'autonomie, la liberté sont essentiels pour la réussite de la réforme ; le coeur de la réforme est l'intérêt de l'enfant.

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