Ce qui est remis en cause par le numérique, c'est la fiabilité. Les institutions ne sont plus regardées comme naturellement fiables. Les grandes plateformes numériques sur lesquelles les citoyens s'expriment ainsi que les personnes qui ont des enjeux de réputation donnent une opinion agrégée, mais celle-ci n'est probablement pas suffisante. Il est indispensable de recréer de la vérifiabilité et de mettre à la disposition du public, des médias, des chercheurs et des associations, des liens hypertextes, des algorithmes, des logiciels libres et les outils de calcul des administrations. Dans le monde de la recherche par exemple, Thomas Piketty, qui veut faire bouger le débat sur la fiscalité, a dû créer un site qui permet de simuler l'impôt et qui est probablement le duplicata de celui qui existe au ministère des finances : un seul modèle ouvert et vérifiable par tous serait de loin préférable. Nous appelons à un changement de paradigme dans la conception que l'Etat a de ses données. Il y aurait tout à y gagner et le modèle serait probablement meilleur. De manière générale, les chercheurs sont très gênés par l'absence d'accès aux données publiques et, s'il y a plus de travaux de recherche économique sur les Etats-Unis, c'est parce que les données sont disponibles.