Intervention de David Pollock

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 janvier 2014 : 1ère réunion
Négociations israélo-palestiniennes — Audition de M. David Pollock chercheur au washington institute for near east policy

David Pollock :

C'est vrai, Monsieur Roger, les Palestiniens n'acceptent pas le boycott des produits israéliens mais acceptent celui portant sur les produits des colonies. C'est raisonnable, c'est légitime, mais, d'une certaine manière, cela n'aide pas à la paix. En situation de paix, il faudra vivre ensemble. Cela peut mener à une situation de crainte, de nervosité, une résistance au compromis. Cela ne sert pas les intérêts des Palestiniens eux-mêmes.

En Europe, il y a un mouvement qui soutient le boycott contre Israël. C'est absurde, c'est illogique. Il faut encourager les deux parties à s'approcher l'une de l'autre.

Sur la Syrie, je dirais que la situation actuelle est une catastrophe humaine, politique, militaire, pour les Syriens et la région. Le seul bon détail est qu'Israël a choisi de ne pas intervenir, de ne pas être entraîné dans ce conflit. C'est un choix des Israéliens. Mais il y a des opportunités de calmer la situation. J'ai personnellement beaucoup de griefs contre la politique américaine en Syrie. Les États-Unis auraient pu soutenir l'opposition, pour aider la démocratie. Il n'est pas encore trop tard, mais je ne crois pas que les Américains vont changer de politique. La conférence de Genève ne donne pas de résultats. C'est un jeu diplomatique à somme nulle.

J'ai moi-même été, il y a peu, à la frontière syro-turque. J'y ai vu les réfugiés, les combattants blessés. Je pense qu'à l'avenir on pensera à la situation syrienne comme on pense maintenant au Rwanda ou à l'ex-Yougoslavie.

Sur l'Iran, je ne pense pas que ce dossier soit lié au dossier israélo-palestinien. Il n'y a pas de connexion directe voire indirecte. Les dirigeants palestiniens et israéliens doivent s'accorder pour ne pas permettre au dossier iranien de déchirer les contacts entre eux et ne pas utiliser le problème nucléaire comme prétexte pour ne pas continuer vers la paix. Le problème local, du conflit israélo-palestinien, est séparé du dossier régional iranien.

Mais, en même temps, le Hamas subit l'affaiblissement de ses soutiens, iranien et syrien, avec la crise en Syrie et les difficultés économiques de l'Iran suite aux sanctions. Il souffre aussi du changement en Égypte. La perte de vitesse du Hamas est une opportunité pour permettre à M. Abbas de l'emporter sur le Hamas dans la vie politique palestinienne. Le Hamas ne défie plus l'Autorité palestinienne. Il ne proteste pas sur le processus de paix. Mais il ne changera jamais son idéologie de nier l'existence d'Israël.

La Palestine a, à deux reprises, refusé un compromis satisfaisant offert par les Israéliens, dont la dernière fois en 2008. Cela donne des raisons de croire que les dirigeants palestiniens ne veulent pas la fin permanente de ce conflit. L'opinion publique palestinienne, cependant, accepte la nécessité d'un compromis historique. Cela a été refusé deux fois, la troisième sera la bonne.

On a un exemple historique : la paix entre Israël et l'Égypte. En Égypte, cela a longtemps été un rêve, c'était impossible, absurde. Mais c'est devenu une réalité. Et on remarque que malgré les Frères musulmans la paix a continué. À long terme, il y a donc la possibilité d'une paix entre Palestiniens et Israéliens.

Quant aux Russes en Israël, je considère qu'ils sont surtout pragmatiques. Ils ne sont pas idéologiques, et ils tiennent probablement cela de leurs expériences en Union soviétique. Ce qui leur importe sont les conditions de vie. Lors de l'élection d'Ytzak Rabin en 1992, ils ont voté pour la paix. Ils ne soutiennent pas massivement M. Avidgor Lieberman, lui-même biélorusse d'origine. Ils sont, de toute manière, complétement assimilés à la société israélienne.

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