Intervention de David Pollock

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 janvier 2014 : 1ère réunion
Négociations israélo-palestiniennes — Audition de M. David Pollock chercheur au washington institute for near east policy

David Pollock :

Sur la colonisation, le Mur, et Gaza, je vais vous donner une réponse étrange : le Mur est un signal clair et concret qu'Israël ne veut pas la grande majorité de la Cisjordanie. Le Mur contient 7% du territoire de la Cisjordanie. Le Mur sert les intérêts de la lutte contre le terrorisme. Avant son érection, il y a eu 1000 victimes israéliennes. Depuis, presque plus personne. Le Mur sert la paix : c'est la preuve qu'Israël ne veut pas s'approprier la Cisjordanie. Le Mur peut servir de base pour la nouvelle frontière. Israéliens et Palestiniens sont d'accord pour un échange de territoires.

La colonisation n'est pas un grand problème. La plupart des constructions nouvelles sont dans l'enceinte du Mur. L'échange de territoires peut résoudre 90% de ces problèmes. Les Palestiniens, d'ailleurs, se rendent compte du caractère simplement symbolique des nouvelles constructions de colonies.

M. Obama va prononcer aujourd'hui son discours sur l'état de l'Union. Ses priorités sont intérieures. L'intervention militaire en Syrie, directe ou indirecte, est exclue. On a beau entendre que « toutes les options sont sur la table », cela n'est pas réel. Le président supporte une résolution diplomatique, pacifique, du conflit.

Il a probablement appris une leçon de son premier mandat : si on veut faire bouger les choses, il faut faire pression sur les deux parties, et pas seulement sur Israël. Israël est effectivement plus fort. Mais ce n'est pas seulement le plus fort qui doit faire des ouvertures.

M. Mahmud Abbas n'est pas Arafat. M. Benyamin Netanyahu n'est pas Rabin. Mais ils sont tous les deux pragmatiques. Par exemple, M. Netanyahu a décidé que, dans l'intérêt d'Israël, de son caractère démocratique et juif, il doit faire cesser l'occupation. Il a changé. Mais il n'a pas vraiment décidé si M. Mahmud Abbas est un partenaire sincère vers la paix.

Quant à M. Rohani, il veut la coopération, résoudre le dossier nucléaire, s'ouvrir au monde,... mais il n'a pas un mot pour Israël. On ne l'entend jamais dire un mot pacifique. Au contraire. Il veut que l'Iran joue un rôle nouveau... mais il ne prononce même pas le mot « Israël ». Effectivement, il est différent de M. Ahmadinejad. Mais ce n'est pas suffisant. En privé, les Israéliens sont satisfaits de son élection. C'est mieux, mais ça ne reste pour autant pas bien. D'ailleurs, M. Netanyahu a accepté à Davos le principe d'une réunion avec M. Rohani ; mais les Iraniens n'ont pas répondu.

Les institutions israéliennes sont complexes. Mais Israël est une démocratie. Il n'y a pas de choses simples en démocratie. Il y a un processus : le principe de l'État palestinien a été accepté, même à droite, même au Likoud, même dans les partis religieux. Il y aura un référendum en Israël sur un accord. Si l'opinion publique est favorable au compromis, cela peut résoudre les problèmes politiques dans le pays.

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