Intervention de Ambroise Fayolle

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 5 février 2014 : 1ère réunion
Gestion de la dette française — Audition de M. Ambroise Fayolle directeur général de l'agence france trésor

Ambroise Fayolle, directeur général de l'Agence France Trésor :

Ensuite, il est intéressant de noter les réactions de nos investisseurs. Nous sommes en contact avec eux presque quotidiennement, qu'ils soient français ou étrangers. Ceci est très important pour nous afin de comprendre leurs objectifs, de répondre à leurs questions et d'être à leur écoute. D'ailleurs, ce sont de plus en plus souvent les investisseurs qui viennent nous rendre visite à l'AFT et non pas uniquement nous qui nous déplaçons. Ce développement n'est pas spécifique à la France et peut s'observer partout en Europe.

Que nous disent nos investisseurs sur les agences de notation ? Avec la crise, la confiance dans la notation des agences a été remise en cause. Les notations demeurent des indicateurs que les investisseurs regardent. Toutefois, les investisseurs les plus importants ont développé leur propre analyse du risque de crédit sur les grands pays ; ils intègrent les notations des agences comme un élément d'appréciation parmi d'autres.

S'agissant des banques, ce sont des partenaires qui détiennent relativement peu de dette ; elles sont plutôt là pour nous aider à placer cette dette auprès des investisseurs finaux que sont les compagnies d'assurance, les fonds de pension ou les banques centrales. De ce point de vue, nous ne considérons pas que nos relations avec les banques comportent un risque. Toutefois, dans nos opérations quotidiennes avec les établissements financiers, nous avons bien sûr des limites de risque approuvées par les autorités ministérielles.

Concernant la dette des collectivités territoriales, j'avoue mon incompétence. Je vous propose d'apporter les éléments de réponse ultérieurement, directement à l'auteur de la question.

En réponse à Philippe Dallier, la maturité moyenne de la dette était de cinq ans et demi en 1990. Elle s'est progressivement allongée pour atteindre sept ans fin 2013. La maturité moyenne de la dette en Italie, en Espagne et en Allemagne se situe aux alentours de six ans et demi ; aux Etats-Unis, elle est de cinq ans et demi tandis qu'au Royaume-Uni elle atteint quatorze ans. Je rappelle qu'il n'y a pas d'objectif de maturité moyenne de la dette. Nous partons du principe selon lequel il est plus utile, afin d'alléger la charge pour le contribuable dans la durée, d'émettre là où il y a de la demande. Bien entendu, si la demande porte sur la dette à long terme - car les conditions de marché le permettent - ceci nous est favorable. C'est ce que nous avons observé dans la période récente. Avec une maturité moyenne de la dette à sept ans, nous nous situons dans la fourchette haute des émetteurs. Ce serait bien de l'allonger encore un peu mais pas dans n'importe quelles circonstances. Cela suppose en outre de trouver des investisseurs qui aient un intérêt à acheter des titres de long terme, par exemple parce que les rendements sur les titres de court terme sont très faibles.

S'agissant de la question de Marie-France Beaufils, je lui apporterai des précisions ultérieurement.

Concernant la CADES, il s'agit d'un émetteur proche de l'AFT. A sa création, elle a bénéficié de l'expertise de l'agence pour mettre en place sa propre politique d'émission. Je suis moi-même administrateur de la CADES. Aujourd'hui, la CADES est une structure très « légère », regroupant huit ou neuf personnes. Le premier point important est que nous essayons de ne pas émettre sur les marchés financiers en même temps - cela vaut d'ailleurs pour la plupart des émetteurs de dette publique. Ensuite, la CADES est active sur des segments de marché sur lesquels l'État n'est pas présent, ce qui permet également d'alléger les flux émis en euros. Par exemple, la CADES est un émetteur régulier, reconnu par les investisseurs, en dollars et en livres sterling, des devises dans lesquelles l'État n'émet pas. La CADES fait aussi beaucoup de placements privés, c'est-à-dire des placements auprès d'investisseurs souhaitant des maturités très spécifiques. A l'AFT, nous avons un programme d'émission plus simple et standardisé. Au total, ces différents types d'opérations nous permettent de réduire le coût d'émission des entités publiques.

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