Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, c’est un débat important et passionnant qui nous réunit aujourd’hui. Les différentes interventions ont permis d’évoquer de nombreux sujets tout à fait actuels et d’exprimer des préoccupations auxquelles je tâcherai de répondre.
Ce débat est d’autant plus nécessaire qu’il est urgent de doter notre pays d’infrastructures de qualité afin de créer du dynamisme, de la croissance et d’ouvrir de nouvelles perspectives d’aménagement du territoire.
L’enjeu du transport – y compris du transport aérien, dont il a été assez peu question aujourd'hui – est celui du quotidien, de la proximité, mais aussi celui de la qualité, de la régularité et de l’efficacité du service public, de sa capacité de s’adapter à un environnement évolutif. Ces préoccupations devraient conduire à un certain nombre de réformes, et je pense notamment à la prochaine réforme du service public ferroviaire.
Le transport est étroitement lié à la vie quotidienne. Un sondage vient d’ailleurs de souligner l’importance du transport dans les attentes et les exigences des Français à l’égard des décideurs, donc de nous-mêmes. Il est vrai que, pendant des années, peut-être des décennies, la question des transports n’a pas été suffisamment au centre des politiques publiques et de la réflexion sur les grands mouvements de l’avenir.
Je prendrai l’exemple de la région parisienne et des autres grandes métropoles nationales. Comment éviter l’espèce de thrombose dont ces territoires sont menacés ? Une solution réside dans la promotion de modes de transport alternatifs, notamment les mobilités douces, dans toute leur diversité. À ce titre, un plan vélo sera bientôt lancé.
La question des transports nous oblige à nous projeter dans le temps, à définir une certaine vision de l’aménagement et à chercher la mobilisation optimale des ressources financières, publiques ou non, car les contraintes budgétaires nous obligeront sans doute à faire preuve d’imagination et d’exigence pour trouver des sources originales de financement.
Le transport est aussi un enjeu industriel. Je rappelle que nous sommes parmi les leaders mondiaux dans ce secteur. D’ailleurs, nos industriels attendent de nous l’impulsion de la commande publique pour participer à la croissance de ceux de nos territoires qui détiennent ce savoir-faire et cette source de compétitivité, qui abritent des pôles de recherche.
Car le transport, on tend peut-être à l’oublier, c’est aussi l’innovation, l’imagination, la créativité. Le transport de demain sera un transport intelligent. Mon ministère organise une grande manifestation le 11 février prochain sur ces thématiques du transport intelligent et des réseaux de demain, où toute une série de start-up innovantes en matière d’amélioration de la qualité des services, de transition énergétique ou de limitation de la consommation pourront faire la preuve de leur dynamisme. Il y a là un véritable bouillonnement d’idées qu’il faut encourager.
Nous devons avoir un tour d’avance à l’heure où l’innovation dans le domaine des transports suscite une compétition mondiale. Les États-Unis ont ouvert plusieurs chantiers en matière d’infrastructures intelligentes, et l’Europe a, elle aussi, engagé un grand projet qui doit nous permettre de devenir l’un des acteurs les plus dynamiques dans ces domaines.
Avec Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, je lancerai un plan permettant d’accompagner les start-up innovantes dans le champ des transports connectés.
Grâce à l’innovation, nous pouvons devenir l’un des pays leaders dans ces domaines d’avenir.
Par ailleurs, ainsi que je le disais hier, lors d’un colloque que vous coprésidiez avec Philippe Duron, monsieur Nègre, nous ne devons pas oublier cette réalité géographique qui nous place au carrefour du continent européen et qui constitue un atout considérable pour notre pays. Encore faut-il savoir tirer parti de cette situation stratégique de la France, terre de transit et porte de l’Europe ; cette situation est du reste multidimensionnelle : à la fois terrestre, maritime, fluviale, aérienne.
La France est, de fait, une terre de passage entre l’Europe du Nord, l’Europe centrale et l’Europe du Sud, entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Elle est aussi, par son littoral – le plus long d’Europe –, ouverte sur plusieurs mers, la porte maritime de l’Europe, même si, pour différentes raisons historiques, les grands ports du nord ont privé nos places portuaires du poids qu’elles auraient dû avoir.
Comme l’ont très justement dit Jean-Jacques Filleul et Charles Revet, on a trop longtemps négligé le lien entre les ports et l’hinterland.