Intervention de Daniel Béhar

Délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 25 février 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Daniel Béhar géographe

Daniel Béhar :

Pour répondre à M. Labazée, nous avons besoin des métropoles pour avoir une visibilité européenne. Mais ce n'est pas qu'une question de strate. Les derniers travaux de Laurent Davezies montrent certes que ce sont les territoires métropolitains, les quinze premières agglomérations françaises, qui ont été les plus résilients face à la crise, mais il y a aussi les villes de Pau, Bayonne et Annecy... Ceci s'explique par divers facteurs liés à la base résidentielle ou productive.

Mais le principal enseignement est que la métropole n'a pas l'exclusivité du dynamisme, et que celui-ci ne dépend pas du rang hiérarchique. Ce qui est important, c'est la capacité à agréger des fonctions. Deuxièmement, cette vision des « territoires oubliés » fonctionne en cascade. On est en train de réactiver la peur de la métropole du Grand Paris, mais également celle du Grand Lyon, avec ce qui a été dit sur la région Rhône-Alpes. Je travaille beaucoup sur l'Auvergne, où l'on retrouve cette peur d'être prochainement un territoire oublié du fait de la création de la métropole lyonnaise. Mais en même temps, en Auvergne, ils ont eux-mêmes développé un pôle métropolitain allant de Vichy à Brioude, avec au centre Clermont-Ferrand. Ce dernier contient 60% de de la population de la région Auvergne. Or, ce sont les autres territoires de la région Auvergne qui se considèrent alors comme territoires oubliés par rapport au pôle auvergnat... En outre, en ce qui concerne le grand Lyon, ce n'est pas parce qu'on a institué juridiquement une métropole que le projet prend toute son importance sur le terrain. Le périmètre métropolitain du Grand Lyon n'inclut pas Saint-Etienne, ni l'aéroport, ni la zone Saint-Exupéry qui contient également la gare TGV et un territoire d'extension urbaine. Aujourd'hui, le maire de Lyon a une politique d'agglomération, et non une politique métropolitaine. Or la constitution d'un grand pôle métropolitain va être tout aussi importante du point de vue du développement territorial que la métropole au sens institutionnel. En outre, si certains médias et le Président de la République ont présenté la création du grand Lyon comme une simplification administrative, il en est tout autrement. En effet, le département subsiste dans la zone du Beaujolais, avec ses 400 000 habitants, ce qui va coûter cher en termes de frais de gestion. Il n'y a donc pas de simplification. La question principale qui doit être posée est celle des agencements et des coopérations.

Un autre point important concerne la fonction régionale, et c'est ce qui fait la transition entre la dernière loi de décentralisation et la prochaine. La question qui se pose est de savoir si la région va être vue comme un empilement de poupées russes et de schémas prescriptifs.

Pendant trente ans, la région a essayé de se constituer comme une « nation », c'est-à-dire comme l'adhésion de forces libres, sur le modèle breton.

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