Intervention de Claude Kirchner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 février 2013 : 1ère réunion
Audition publique organisée conjointement avec l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques et la commission de la défense de l'assemblée nationale

Claude Kirchner, délégué général à la recherche et à la technologie de l'institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) :

Ma question, qui s'adresse à MM. Pascal Chauve et Stéphane Grumbach, concerne les données.

Naguère, lorsque l'on voulait acquérir de l'information, il fallait aller la chercher dans un endroit protégé par divers moyens, y compris cryptographiques. Aujourd'hui, on dispose également de données publiques, largement disponibles, dont l'agrégation et l'analyse permettront d'acquérir des informations que leurs détenteurs ne connaissent pas eux-mêmes. On peut imaginer que Google en sait beaucoup plus sur le ministère français de la défense que le ministère lui-même sur un certain nombre d'éléments.

Comment abordez-vous cette vulnérabilité et quels sont les moyens d'y répondre ?

M. Pascal Chauve. L'habitude de l'administration est de marquer d'un grand coup de tampon rouge ses informations classifiées. Elle s'attache à identifier précisément ce qui relève de la protection du secret de la défense nationale, de manière à ce que ces informations ne se retrouvent pas dans la nature : la compromission d'un secret protégé est punie par le code pénal.

Mais il existe une autre information, diffuse, qui permet par recoupement d'en apprendre beaucoup sur une entreprise ou sur un ministère comme par exemple le ministère de la défense, sur ses priorités, voire sur ses services de renseignement. Aucun coup de tampon ne peut résoudre ce problème, alors que l'accès au big data et à son traitement permet de dégager des informations précises. Pour remédier à cette situation préoccupante, il conviendrait sans doute d'étudier les technologies permettant de réaliser des recherches discrètes afin de dissimuler nos priorités. La discrétion des recherches, à laquelle l'INRIA travaille également, n'est pas qu'un sujet académique.

Pour le reste, nous ne disposons pas d'autre parade légale pour se protéger contre cette forme d'espionnage, que le régime de protection des données personnelles, qui ne s'applique dans le cas où de telles données, mélangées à des données de connexion ou, à des priorités de recherche, seraient compromises.

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