Intervention de Patrick Waelbroeck

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 12 février 2014 : 1ère réunion
Atelier de prospective : commerce électronique tendances et opportunités

Patrick Waelbroeck, maître de conférences à Télécom Paris Tech :

Les achats compulsifs représentent un véritable risque. Grâce au Big data, de plus en plus d'entreprises testent des modèles d'économie comportementale. Les périodes de faiblesse des consommateurs sont étudiées afin de détecter grâce à des algorithmes le moment idéal pour leur adresser une offre commerciale. Nous parlons également de publicités personnalisées. Le visage d'un proche, celui de votre mère par exemple, sera utilisé pour vous convaincre d'acheter. Le fait de connaître de mieux en mieux les habitudes de consommation des consommateurs représente donc un danger réel. Il existe un risque de voir fortement augmenter le nombre d'achats compulsifs dans les toutes prochaines années à des prix ciblés. Les prix, en effet, ne seront pas nécessairement les plus favorables pour chaque consommateur, dès lors que leur pouvoir d'achat sera connu.

Concernant les attaques électroniques, je remarque que la question de la sécurité informatique est une question de sécurité dans un écosystème. Plusieurs personnes collaborent à l'élaboration de la transaction. Il s'agit en quelque sorte d'un bien public. Les personnes auront tendance à sous-investir, laissant la responsabilité à une autre personne de sécuriser le système. En définitive, cependant, personne ne sécurise le système. Nous pouvons néanmoins facilement résoudre ce risque par la loi et par des relations contractuelles strictes où les intervenants seraient contraints de garantir un minimum de sécurité dans l'écosystème auquel ils participent.

Enfin, à propos des achats supplémentaires, la difficulté réside aujourd'hui dans la nécessité de trouver l'offre qui vous correspond. En 2011, j'ai réalisé une étude pour l'Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet) sur le partage de la valeur dans le secteur de la musique numérique. Quatorze millions de titres étaient alors disponibles sur les plateformes, contre plus de vingt millions aujourd'hui. Or, à l'époque, seuls quatre millions étaient consommés : sur l'assiette complète du commerce électronique possible, un tiers seulement était consommé. J'y vois l'aspect positif du Big data. Si nous parvenons, avec de meilleurs outils de recommandation, de meilleurs ciblages, à faire en sorte que les dix millions de titres délaissés trouvent un consommateur, nous « relancerons la machine ». La difficulté ne vient pas en effet du fait que le consommateur n'a pas envie d'acheter mais du fait qu'il ignore l'existence d'un produit.

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