Intervention de Thierry Petit

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 12 février 2014 : 1ère réunion
Atelier de prospective : commerce électronique tendances et opportunités

Thierry Petit, cofondateur et directeur général de Showroomprive :

Les acteurs de la grande distribution sont effectivement davantage présents qu'ils ne l'ont été. Pour autant, dans le commerce traditionnel, le chiffre d'affaires d'un simple hypermarché peut atteindre 200 ou 250 millions d'euros. Or un chiffre d'affaires de 250 millions d'euros dans le commerce électronique ne concerne que six ou sept sites en France. La grande distribution n'a donc simplement pas encore pris la décision d'investir dans le commerce électronique. Je ne m'inquiète pas cependant pour les acteurs de la grande distribution. Quand ils décideront d'augmenter leurs investissements, ils se replaceront parmi les grands acteurs du secteur.

Concernant l'âge des consommateurs, nous observons à la fois que le public est de plus en plus jeune et que les seniors maîtrisent mieux les nouvelles technologies, notamment parce qu'elles sont plus simples d'utilisation par exemple sur les tablettes. En outre, les seniors ont du pouvoir d'achat et du temps. Les seniors se tournent vers Internet également pour des raisons pratiques. Il est en effet plus simple de se faire livrer une télévision ou un canapé à domicile plutôt que d'aller l'acheter soi-même. Enfin, Internet permet des économies à une certaine population de retraités qui rencontrent de vraies difficultés de pouvoir d'achat. Les économies collaboratives sont des modèles très efficaces pour compenser une perte de pouvoir d'achat et pour pouvoir consommer de façon plus intelligente, plus durable, plus éthique.

Selon moi, le smartphone est une vraie révolution. Il rejoint à mon sens la question du panorama du commerce électronique dans dix ans. Aujourd'hui, mon neveu tient constamment son téléphone en main. Dans dix ans, il aura vingt-huit ans. Il sera un consommateur type. Il serait prétentieux aujourd'hui de décrire le commerce électronique dans dix ans. Simplement, la mobilité, le mobile, y tiendra certainement une place essentielle. Pour s'adapter au futur, il sera donc nécessaire de se montrer pragmatique, de tester des éléments nouveaux, des usages nouveaux, même s'ils ne sont pas couronnés de succès. Il y a quatre ans, l'achat sur mobile n'existait pas. Aujourd'hui nous faisons plus de 100 millions de chiffre d'affaires avec des paiements réalisés sur ce type de support ; plus de 50 % de notre audience se fait sur mobile.

L'économie d'Internet impose de se montrer humble et pragmatique. Nous partons d'un secteur qui n'existait pas voilà sept ans ; il est compliqué de présager du futur mais nous ne pouvons nous projeter à dix ans que de la sorte. Nous ne pouvons pas décrire le monde tel qu'il sera dans dix ans car nous l'ignorons. Nous devons nous montrer extrêmement pragmatiques pour imaginer encore être présents dans dix ans. Je me souviens de Pixmania, il y a trois ans, pépite française du e-commerce, ouvert à l'international avec 800 millions d'euros de chiffre d'affaires et qui n'existe plus aujourd'hui. En deux ans, tout peut changer. Dans un sens ou dans l'autre.

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