Monsieur le président, mesdames, messieurs, chers collègues, je tiens à remercier les participants à cet atelier d'avoir bien voulu répondre à notre invitation.
Voilà déjà quelque temps, j'ai proposé à la délégation à la prospective d'engager un travail sur le vaste thème de la pauvreté, animé par la conviction qu'il n'était plus possible de continuer ainsi, d'accepter l'inexorable progression de la pauvreté et de l'exclusion et, pire encore, comme vous venez de le souligner, monsieur le président, la banalisation de l'hérédité de la pauvreté et sa transmission intergénérationnelle, ce qui est inadmissible et insupportable.
Cette conviction, je le sais, nous la partageons tous ici.
Le rapport que je présenterai à la délégation à l'issue de cet atelier se veut véritablement ancré dans le concret. Il est le fruit des nombreux contacts que j'ai pu avoir. La première audition s'est déroulée le 21 mai 2013, il y a neuf mois. Nous avons procédé depuis lors à plus de quarante auditions, rencontré plus de soixante-dix personnes, accompagné deux maraudes de nuit avec le Samusocial de Paris et effectué deux déplacements, dont l'un à Bruxelles, pour examiner l'évolution de la situation au niveau des institutions européennes mais aussi de la Belgique, ce qui fut, comme nous le verrons probablement cet après-midi, riche d'enseignements. L'autre déplacement, également fort intéressant, eut lieu en Loire-Atlantique.
Tout ce travail a été nourri par l'écoute, l'attention, le respect et l'échange, notamment avec les associations, dont je veux saluer le formidable travail ainsi que l'engagement quotidien sur le terrain. Je remercie également les universitaires et chercheurs que nous avons rencontrés, qui ont été fort utiles. Nous nous sommes inspirés du travail des uns et des autres et nous nous sommes efforcés de faire des propositions les plus concrètes, cohérentes et précises possible.
Notre réflexion s'est articulée autour de trois objectifs importants : prendre conscience de l'état de pauvreté, dans notre pays en particulier ; instaurer la confiance, par opposition à la méfiance, voire la défiance, que nous pouvons constater envers des hommes et des femmes qui souffrent d'être en situation de pauvreté ; oser la fraternité avec les publics les plus fragilisés, pour aller plus loin que la solidarité.
Les thèmes que nous allons aborder illustrent cette triple ambition et, sans plus attendre, je laisse à Dominique Rousset, en la remerciant de sa présence parmi nous, le soin d'animer nos débats.
Les débats sont animés par Dominique Rousset, journaliste à France Culture.
Ont participé à ces débats : Jean-Christophe Sarrot, membre d'ATD Quart Monde, rédacteur en chef du mensuel Feuille de route Quart Monde ; Bintou Diallo, membre du huitième collège du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) ; Philippe Warin, directeur de recherche au CNRS, responsable scientifique de l'Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) ; Isabelle Maquet-Engsted, chef d'unité adjoint, Direction Analyse, évaluation, relations extérieures, DG Emploi, affaires sociales et inclusion, Commission européenne ; Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français ; Pierre Corvol, professeur émérite au Collège de France, vice-président de l'association Resolis.