Intervention de Julien Lauprêtre

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 19 février 2014 : 1ère réunion
Atelier de prospective : « comment enrayer le cycle de la pauvreté ? »

Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français :

Il faut bien voir, derrière les statistiques, toute la misère, tout le calvaire, tous ces drames humains endurés au quotidien par des millions de nos concitoyens. L'année dernière, le Secours populaire français a aidé 2,5 millions de personnes. Nous ne croyons pas du tout à la stagnation de la pauvreté en France ; au contraire, nous constatons une croissance de la pauvreté, de la misère et de l'exclusion dans notre pays. De nombreux petits commerçants, artisans, voire industriels demandent à présent de l'aide au Secours populaire ; il s'agit d'un véritable raz-de-marée.

Ces gens demandent en premier lieu de la nourriture : le drame de la faim existe également dans notre pays. Nous venons de mener de très importants efforts avec les banques alimentaires, la Croix-Rouge et les Restos du coeur pour faire revenir l'Europe sur sa décision d'abandonner le programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD). Certains pays d'Europe avait en effet égoïstement décidé de couper les vivres à toutes les associations.

L'année dernière, le Secours populaire français a distribué 148 millions de repas, dont la moitié provenait de l'Europe. Si cette mesure injuste et inhumaine avait été maintenue, certains seraient morts de faim. Ceux qui nous sollicitent le font non pas pour un complément de nourriture, mais tout simplement pour manger. Certaines personnes ne mangent pas à leur faim dans notre pays, ce dont nous devons tenir compte.

Nous avons édité de nouveaux cahiers de doléances, que nous avons appelés le Dire pour agir, pour montrer la misère humaine vécue au quotidien.

Comment faire en sorte que cette pauvreté cesse de se développer ? En tant que président d'une association de solidarité, je le dis et je le répète, la solidarité ne peut pas tout régler, même si elle est irremplaçable. Certains disent que ce que nous faisons ne représente qu'une goutte d'eau dans la mer. Or pour celui qui reçoit notre action, c'est un océan. Grâce à nos efforts, des personnes peuvent faire un vrai réveillon, partir en vacances. C'est en ce sens qu'il faut en premier lieu faire prendre conscience aux Français de l'étendue de la misère. Dans les zones rurales, je peux vous assurer que nous rencontrons des cas de misère et de pauvreté aussi douloureux qu'en région parisienne.

Il est très difficile pour les gens d'oser demander. C'est pourquoi nous avons mis en place des permanences mobiles d'accueil et de solidarité, qui vont au-devant des gens en difficulté. Je profite d'être devant des élus pour redire ce que j'ai déjà indiqué aux pouvoirs publics : ce raz-de-marée de la misère et de la pauvreté est très grave et touche des gens qui ne s'y attendaient pas.

En ce qui concerne le Dire pour agir, nous souhaitons redonner de la dignité à toutes les personnes en difficulté. Que peuvent faire les personnes dans la misère et la pauvreté pour s'en sortir et aider les autres à s'en sortir ? Elles peuvent nous soutenir en participant à des collectes alimentaires et en faisant des gestes pour ceux qui sont dans la pauvreté. Si, sur les 2,5 millions de personnes aidées par le Secours populaire français, 10 % acceptaient d'être bénévoles, cela ferait 250 000 personnes prêtes à agir.

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