Effectivement. Nous constatons une évolution sociétale majeure mais insuffisamment prise en considération : les couples se séparent plus fréquemment qu'auparavant. En conséquence, les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses et composées la plupart du temps de femmes avec enfants, d'où un accroissement du nombre d'enfants en situation de pauvreté.
Lorsque les allocations familiales ont été mises en place dans les années quarante, elles avaient vocation à soutenir les familles nombreuses qui risquaient de s'appauvrir en raison de leur grand nombre d'enfants. Ce sont aujourd'hui les familles monoparentales qui ont le plus besoin de ces allocations familiales, même si elles n'ont qu'un seul enfant. Nous suggérons ainsi que les allocations familiales soient perçues dès le premier enfant.
Je considère par ailleurs qu'il est insupportable qu'un enfant sur cinq soit en situation de pauvreté et que les personnes en situation de pauvreté doivent sans cesse répéter leur parcours, si bien que les jeunes adultes se retirent complètement des soutiens financiers qu'ils pourraient recevoir et privilégient la « débrouille ».
Nous ne pouvons plus faire comme si de telles situations, qui concernent pleinement notre vie démocratique, n'existaient pas. Ce n'est pas parce que les pauvres votent très peu que notre démocratie ne doit pas les inclure.
Les jeunes sont majeurs politiquement à dix-huit ans, mais ne sont majeurs socialement qu'à vingt-cinq ans. Il faut donc prêter attention à cette parenthèse entre dix-huit et vingt-cinq ans. Le Danemark soutient ses jeunes en leur proposant des subventions sous la forme de bons de 750 euros par mois pour une durée de cinq ans, mais sous des conditions très strictes de suivi effectif d'une formation ; loin de moi l'idée de plaider pour une quelconque forme de laxisme. Une telle mesure mise en oeuvre dans un pays européen doit donc pouvoir être débattue également en France, car l'éducation et la formation sont au coeur du problème.