Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, mon propos portera sur les crédits du programme « Tourisme ».
Ce secteur enregistre, dans notre balance des paiements, un solde positif de 8, 9 milliards d'euros, ce qui n'est pas négligeable. Il faut néanmoins rappeler que ce solde était de 14 milliards d'euros en 2003. Félicitons-nous néanmoins que, pour ce qui est de cette rubrique, nos échanges restent excédentaires.
Il s'agit donc d'un secteur économique de toute première importance pour notre pays, non seulement par sa contribution à l'équilibre de sa balance des paiements, mais aussi au regard de ses potentialités considérables en termes de création d'emplois et d'aménagement du territoire
La France reste la première destination touristique du monde. Cependant, il faut se rendre compte qu'elle perd du terrain dans la compétition internationale, sous l'effet d'un tassement des recettes, au moment où tourisme mondial a renoué avec une croissance supérieure à 5 %. Notre pays est, en effet, confronté à une concurrence acharnée - le mot n'est pas trop fort -, notamment de la part des pays d'Europe centrale, et il aura de plus en plus de mal à demeurer la première destination touristique mondiale.
Il est à craindre que, derrière des phénomènes conjoncturels, ne se dissimulent des tendances qui semblent se confirmer depuis quelque temps, notamment une certaine désaffection des clientèles européennes, qui constituent plus de 80 % de notre clientèle étrangère, ainsi qu'un accroissement des voyages des Français à l'étranger.
En outre, en termes de recettes, la France stagne au troisième rang, derrière les États-Unis et l'Espagne. Les résultats sont donc en deçà des légitimes espérances de ce secteur économique.
Je sais, monsieur le ministre, que vous êtes tout à fait conscient de cette évolution. Vous l'avez d'ailleurs déclaré récemment lors des quatrièmes assises nationales du tourisme. Je partage tout à fait votre analyse : plus que le chiffre record de touristes, c'est l'accroissement des recettes par touriste qu'il faut viser. Notre principale faiblesse est notre difficulté à conserver suffisamment longtemps les touristes étrangers sur notre territoire.
Comme vous l'avez fait remarquer, c'est le positionnement géographique central de notre pays en Europe, au coeur des transhumances touristiques entre le nord et le sud, qui explique, pour une part, les 76 millions de visiteurs en France. Pour augmenter nos recettes, nous devons d'abord améliorer la qualité de l'accueil, des infrastructures et des prestations proposées. C'est pourquoi il apparaît plus que nécessaire de mettre en place une politique permettant d'améliorer les résultats, notamment en favorisant une meilleure adéquation entre l'offre et les attentes de clientèles désormais sollicitées de toutes parts.
Nous devons également renforcer nos moyens de promotion. Vous venez, à cet égard, de lancer une campagne de promotion de la marque « Qualité Tourisme », visant à rendre l'offre touristique française plus attractive, tant en France qu'à l'étranger. Cette campagne de promotion, qui s'adressera aux professionnels du secteur du tourisme ainsi qu'au grand public, est dotée d'un budget de 2 millions d'euros.
L'industrie touristique est aujourd'hui en pleine mutation. Elle doit réagir rapidement face aux crises économiques récurrentes, conjoncturelles, sanitaires, aux tensions internationales ou encore aux aléas climatiques. Elle doit saisir les opportunités liées à l'accroissement des flux touristiques et adapter son offre à l'évolution des attentes de la clientèle.
Le tourisme doit donc être soutenu au plus haut niveau de l'État.
Messieurs les ministres, depuis que je suis président d'ODIT France - observation, développement et ingénierie touristique -, je me bats tous les ans pour faire reconnaître l'action de cette structure et l'importance de sa mission. Le rôle d'ODIT France consiste à aider les acteurs touristiques à s'adapter aux évolutions de la société et des marchés. Ce groupement d'intérêt public apporte aux professionnels du tourisme une vision précise des nouveaux produits à créer, des améliorations qualitatives à apporter. ODIT France permet à l'entreprise touristique française de rester compétitive et de gagner de nouveaux marchés.
Encore faut-il que cette structure puisse avoir les moyens de sa politique. À ce jour, elle est trop souvent considérée comme un service public qui apporte quelques conseils aux collectivités et aux porteurs de projets. Utilisons mieux les experts d'ODIT France en leur permettant de créer de nouveaux produits et donc de nouvelles richesses. Les professionnels du tourisme sont demandeurs et ont besoin de cet outil de développement qui, sous la tutelle du ministère du tourisme, associe universitaires, collectivités et entreprises privées.
Nous savons, messieurs les ministres, quelle voie nous devons suivre pour développer le tourisme en France. ODIT France est un outil disponible, efficace, prêt à fonctionner.
Je souhaite également que nous sachions prendre le temps nécessaire pour évaluer les politiques touristiques que nous engageons. Or, aujourd'hui, aux termes du projet de budget, ODIT France n'est doté d'aucun moyen supplémentaire et subit même une diminution de crédits, qui entraînera inexorablement une baisse de la création de richesses imputable au tourisme.
Vous comprenez, messieurs les ministres, qu'avec un budget en diminution de 4 % cette année, ODIT France, parallèlement obligé, en application de la LOLF, de mettre 5 % de son budget en réserve de précaution, subit une baisse totale de ses crédits de 9 %. Son budget équivaut ainsi à celui d'un gros comité départemental du tourisme, situé plutôt, j'en conviens, dans le sud de la France, région où ces comités sont plus importants que dans l'ouest.
Malgré cela, messieurs les ministres, conscient des contraintes dans lesquelles vous avez élaboré ce budget, mes collègues du groupe UMP et moi-même voterons les crédits du programme « Tourisme » pour 2007. Mais j'insiste : nous devons poursuivre et intensifier la démarche dynamique que vous avez inaugurée en faveur de l'économie touristique de notre pays, et je profite de cette tribune pour rendre hommage à l'action que vous menez.