Je présenterai tout d'abord le STRASS, association à vocation syndicale créée en 2003, qui s'exprime au nom des travailleurs du sexe et défend leurs droits. Le STRASS, qui emploie deux juristes, aide les travailleurs du sexe à obtenir des titres d'autorisation de séjour sur le territoire national et à se constituer parties civiles en cas de violences. Il les informe sur leurs droits et est également en contact avec l'ensemble des associations qui travaillent sur la prostitution, au niveau national, mais également international, et tout particulièrement en Suède, ce qui nous permettra de vous apporter quelques éléments sur la situation des personnes prostituées dans ces pays.
Le STRASS porte un regard très critique sur les dispositions de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel.
En effet, s'il est vrai que l'abrogation du délit de racolage nous paraît une bonne chose, la proposition de loi n'apporte, en revanche, aucune précision sur les arrêtés municipaux qui s'y substitueront immanquablement. Davantage, le caractère ouvertement prohibitionniste de la proposition, qui vise à pénaliser le client, ne manquera pas d'accroître, si elle est adoptée, la précarité des travailleurs du sexe, lesquels seront conduits à exercer leur activité dans une plus grande clandestinité. Un tel dispositif suscite d'ores et déjà un climat de peur auquel participe, d'ailleurs, le récent assassinat d'une prostituée d'origine chinoise.
Plutôt que d'aggraver une situation déjà préoccupante, mieux vaudrait garantir aux travailleurs du sexe l'exercice de leurs droits et privilégier une approche en amont des problèmes inhérents à la prostitution, lesquels nécessitent une politique sociale adaptée qui puisse remédier à la précarité conduisant les personnes à se prostituer.