L'ouverture de lieux spécialisés, à l'instar de ceux qui se trouvent en Allemagne, relève d'une forme de légalisation qui nous paraît discriminante. En effet, une telle démarche revient, dans les faits, à instaurer une discrimination entre les personnes prostituées se traduisant par la soumission d'une minorité à de mauvaises conditions de travail dans les « Eros centers » autorisés dans certains Länder, tandis que les activités de la majorité demeurent prohibées. Le modèle qui nous paraît le plus pertinent n'est pas allemand, mais néo-zélandais et je laisserai mon collègue Nicolas Schaffauser vous en parler. Par ailleurs, nous n'avons jamais dit que la prostitution était un métier comme un autre. L'expression de « travailleur sexuel » est en fait la traduction littérale de l'expression en vigueur au niveau international qui désigne la situation juridique des personnes qui se prostituent : « sex work ». Son usage n'implique nullement d'assimiler ce qui relève d'un parcours individuel, à un moment donné, à une profession impliquant, le cas échéant, une formation particulière ! D'ailleurs, cela n'existe dans aucun pays.
Tout service prodigué à un travailleur du sexe, fût-il désintéressé, est susceptible d'être caractérisé par le code pénal comme relevant du proxénétisme qui est défini d'une manière extrêmement large. Aussi, l'inscription sur un site internet fait-elle de moi une victime d'un proxénète qui serait le gestionnaire et le propriétaire de celui-ci ?
Enfin, le STRASS est bien évidemment contre l'exploitation et la traite des êtres humains qui recoupe une grande diversité de situations et qui ne peut, à terme, qu'être aggravée par la mise en oeuvre de politiques prohibitionnistes. Traiter de tels problèmes implique de sortir d'une logique binaire d'opposition entre prohibition et légalisation qui demeure stérile.