« Il n'y a que le poisson qui ne sait pas qu'il est mouillé, parce qu'il vit dans l'eau » : lorsqu'on se prostitue, on vit dans sa situation, on se défend, on s'accroche - et c'est lorsqu'on s'en sort que, dans quasiment tous les cas, on se demande comment on a pu vivre cette situation. Si vous m'aviez posé la question quand je me prostituais, je vous aurais répondu : « Oui, j'ai choisi de me prostituer », mais parce que j'aurais eu peur de vous dire le contraire, peur de mon proxénète - et vous savez comme moi que les prostituées ont un ou des proxénètes dans 99 % des cas ! C'est seulement quand on s'en sort qu'on réalise ce qu'on a vécu, et que trente ans plus tard, on reste encore à vif. Mais quand on se prostitue, on s'anesthésie.