Intervention de Michel Magras

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 16 avril 2014 : 3ème réunion
Communication diverse

Photo de Michel MagrasMichel Magras, rapporteur :

Conformément à la volonté exprimée unanimement par les représentants des collectivités territoriales des trois régions et très largement majoritaire au sein des communautés universitaires concernées, il est impératif d'organiser un système de coopération étroite entre l'UA et l'Université de la Guyane (UG) afin de systématiser les collaborations et les mutualisations pour les deuxième et troisième cycles et, ainsi, de promouvoir des politiques de recherche ambitieuses et de portée internationale. Les modalités de regroupements de la loi dite Fioraso semblent peu adaptées au contexte de restructuration profonde du système d'enseignement supérieur et de recherche aux Antilles et en Guyane : les deux nouvelles entités ne seront pas prêtes à créer dans l'immédiat une communauté d'universités et établissements (COMUE), car la création d'un tel établissement serait perçue comme une réminiscence de l'UAG. Quant à la coopération par voie associative, la réforme de juillet 2013 ne l'envisage que si une université, parmi les partenaires, était désignée chef de file dans la négociation contractuelle avec l'État.

C'est pourquoi nous vous proposons de prévoir dans l'ordonnance, par dérogation à l'article L. 718-16 du code de l'éducation, un mode d'association original inspiré du groupement d'intérêt public, sans personnalité morale, assurant une coopération équilibrée entre l'UA et l'UG pour mettre en oeuvre de politiques communes en matière de formation et de recherche et de partenariats avec les universités métropolitaines et étrangères.

Des mutualisations doivent impérativement être maintenues dans un cadre associatif, dans l'attente de la conclusion de la convention d'association que nous avons proposée, par le biais de conventions transitoires entre l'UA et l'UG dans quatre domaines : la documentation, les études médicales, les études de sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) et l'école doctorale. Il est également indispensable de développer une politique de coopération internationale cohérente avec les institutions partenaires des zones caribéenne, latino-américaine, nord-américaine et d'Europe, notamment par l'augmentation du nombre de professeurs associés ou invités et par le développement de doubles diplômes et de cursus en langues étrangères : c'est l'objet d'une de nos propositions.

La mobilité des étudiants des établissements d'enseignement supérieur présents dans les zones Caraïbe et Amérique du Sud doit être fortement encouragée par la mise en place de partenariats d'accueil et d'échanges qui pourraient prendre la forme d'un Erasmus caribéen et latino-américain.

Il convient de fonder l'UG sur des bases solides. Celle-ci a peu de chances de fonctionner de façon optimale sans une mutualisation des forces et des collaborations avec les pôles antillais, les universités hexagonales et étrangères et les organismes de recherche. La montée en puissance de la qualité de l'enseignement et de la recherche suppose la mise en place de mécanismes de détachements et de mises à disposition temporaires au bénéfice de la Guyane d'enseignants-chercheurs et de scientifiques des établissements de la métropole. Voilà pourquoi nous proposons de mettre en place un dispositif, cofinancé par l'État et les collectivités territoriales de la Guyane, d'incitation au déploiement d'un mécanisme de détachement et de mise à disposition temporaire auprès de l'UG d'enseignants-chercheurs d'universités métropolitaines.

L'UG devra dans un premier temps se consacrer prioritairement à la qualité de son premier cycle universitaire et de ses formations professionnalisantes courtes, de niveau bac + 2, comme le DUT ou le BTS. Nous proposons de créer prioritairement au sein de l'UG un bureau d'aide à l'insertion professionnelle, en s'appuyant sur le réseau national inter-BAIP, et des conseils de perfectionnement des formations au niveau de ses composantes.

Le développement de l'enseignement numérique et à distance est incontournable en Guyane pour faciliter la remise à niveau des jeunes et la mise en place de cursus à bac + 2 et bac + 3, le cas échéant en mettant au point des cursus mêlant virtuel et présentiel, sollicitant les maîtres de conférences pour l'enseignement dispensé en présentiel, et s'appuyant sur le programme France université numérique pour le virtuel.

La restructuration de la politique de recherche en Guyane et le renforcement des collaborations avec les organismes de recherche autour de spécialités comme la biodiversité, l'environnement et la santé doivent s'appuyer sur le groupement d'intérêt scientifique IRISTA (Initiative pour la recherche interdisciplinaire sur les systèmes et territoires amazoniens), le campus international de Montabo à Cayenne, le labex CEBA (Centre d'étude de la biodiversité amazonienne) sur la recherche en maladies tropicales et l'unité mixte de recherche ECOFOG (Écologie des forêts de Guyane) sur l'écologie forestière.

Aussi bien pour l'UG que pour l'UA, la phase transitoire doit être la plus courte possible. L'absence de visibilité à court et moyen termes, causée par le départ précipité de la Guyane, ne permet toujours pas aux actuelles instances dirigeantes de l'UAG de préparer les négociations avec l'État sur le prochain contrat quinquennal d'établissement dans des conditions sereines. C'est pourquoi nous proposons de procéder à la création effective de l'UG et de l'UA dès la rentrée universitaire de 2014.

Pour évaluer les forces et les faiblesses des fonctions support du site guyanais comme des deux pôles antillais, il semble indispensable que les instances dirigeantes des pôles antillais et de la future UG sollicitent le soutien et l'expertise de partenaires expérimentés, comme l'IGAENR, la CPU et l'AMUE, par des mises à disposition et l'organisation de séminaires de formation. .

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion