Inversement, le marché chinois a des besoins énormes et suscite toutes les convoitises de tous ceux qui traitent des transports et de l'énergie, domaine où nous excellons. Comment se fait-il que nous ne soyons qu'au dix-septième rang des fournisseurs de ce pays ? Soit l'action extérieure de l'État est inutile, soit elle est très mal organisée.
La dernière grande opération immobilière fondée sur un projet d'architecture ambitieux sera la construction du complexe diplomatique à Pékin, projet longtemps attendu et qui atteint 25 millions d'euros pour la première phase de construction. Nous devrons cependant compléter cette construction hautement symbolique par des échanges qui, eux, sont concrets, plus nourris, ainsi que par une meilleure pénétration française dans les réseaux chinois.
Les États-Unis ont mis en place un dialogue biannuel de très haut niveau, le stratégic economic dialogue, coprésidé par le Secrétaire américain au Trésor, M. Paulson, et Mme Wu Yi, vice-premier ministre de la République populaire de Chine. Que faisons-nous d'équivalent ?
Ne convient-il pas également de renforcer notre action en Asie centrale, région stratégique du point de vue tant économique que politique, véritable trait d'union entre l'Europe et l'Asie qui sera traversée d'ici aux prochaines décennies par des liaisons ferrées Europe-Chine, où le Kazakhstan deviendra, dans dix à quinze ans, le cinquième exportateur de pétrole, où l'Ouzbékistan, tout comme le Turkménistan et le Tadjikistan, est frontalier de l'Afghanistan dont les convulsions ne font que grandir, plutôt que de nous contenter d'être derrière tous nos concurrents européens et asiatiques, ce qui affaiblit, comme c'est le cas aujourd'hui, notre représentation ?
On peut regretter qu'aucun indicateur ne concerne directement l'évolution des réseaux du ministère alors que plusieurs actions leur sont consacrées et que toute décision de cet ordre peut avoir des conséquences politiques notables dans les relations entre la France et les pays concernés. En dix ans, la carte politique et économique du monde a été bouleversée, alors même que notre représentation extérieure au service non seulement de nos valeurs, mais aussi de notre économie, est restée à peu près la même.
Monsieur le ministre, notre pays possède des atouts incontestables. Or nous ne les utilisons pas au mieux, car nous sommes freinés par l'illusion de pérenniser notre passé. Nous dispersons inutilement nos moyens et sommes trop absents de zones où se jouera une partie de l'avenir du monde.
La réorganisation timide de notre appareil diplomatique ne fait pas apparaître les axes majeurs d'une stratégie mise au service de l'action extérieure de l'État. Notre potentiel, de par la qualité de son personnel, devrait être mieux utilisé grâce à des choix clairs afin d'atteindre de bien meilleurs résultats.