Intervention de Robert Hue

Réunion du 7 décembre 2006 à 22h00
Loi de finances pour 2007 — Action extérieure de l'état

Photo de Robert HueRobert Hue :

Chacun doit pouvoir donner son sentiment sur ces questions !

J'en viens maintenant au programme « Rayonnement culturel et scientifique », au sein duquel l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, l'AEFE, voit ses crédits augmenter de 8 millions d'euros, après une baisse constante depuis 2005. L'État finançait cet établissement public à hauteur de 60 % lors de sa création, contre seulement 40 % aujourd'hui. Les familles participent de plus en plus au financement de cette agence et supportent donc l'essentiel du coût du désengagement de l'État.

Pourtant, au travers de l'AEFE, c'est l'avenir de la présence française dans le monde, le rayonnement de notre culture et l'influence économique et politique de notre pays qui se préparent. Monsieur le ministre, pourriez-vous nous préciser, concrètement, quels sont les moyens dont dispose l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger pour entretenir son matériel et moderniser ses établissements ?

Le mois dernier, vous avez vous-même déclaré sur les bancs de l'Assemblée nationale que votre objectif était « d'améliorer l'offre de bourses scolaires au profit de nos concitoyens les plus défavorisés ». Dont acte ! L'AEFE et les lycées bilingues comprenant des filières francophones constituent un atout largement sous-exploité, faute de volonté et de moyens pour renforcer l'attractivité de notre enseignement supérieur.

De même, l'évolution de la politique de coopération culturelle, scientifique et technique est très préoccupante, puisque les coopérants civils, qui étaient 23 000 en 1980, ne sont plus que 1 300 en 2005.

En outre, ces contrats, qui sont déjà peu nombreux, n'ont qu'une durée d'un an. Comment peut-on sérieusement penser qu'une durée aussi courte est de nature à finaliser de véritables programmes de coopération culturelle, surtout quand on sait que dix-neuf centres culturels français ont été fermés ?

Le programme « Français à l'étranger et étrangers en France » constitue une transcription parfaite de la politique du ministre de l'intérieur. Le délai des traitements des demandes d'asile par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, l'OFPRA, a été réduit pour la deuxième année consécutive ; 45, 5 millions d'euros sont affectés à cette manoeuvre scandaleuse, dont le but non avouable est de solder, sans investigations poussées, les demandes.

Est-ce digne d'une nation comme la France ? Est-ce digne d'une bonne politique extérieure de l'État et d'une bonne gestion des flux migratoires, question essentielle pour l'avenir de l'humanité ? Est-ce digne de notre histoire ?

Le deuxième objectif du programme 151 est d'assurer un service consulaire de qualité. Les nombreux témoignages que j'ai pu recueillir, que ce soit lors de mes déplacements à l'étranger ou lors de rendez-vous à ma permanence locale, attestent effectivement de ce besoin d'écoute, de qualité d'accueil et de rapidité d'exécution des formalités demandées.

L'année dernière, lors de l'examen de ce même budget, j'avais rendu hommage à la qualité du travail fourni par les personnels qui forment notre réseau diplomatique. Je ne reviendrai pas sur les nombreuses insuffisances qui ont été soulignées par les orateurs qui m'ont précédé, à la différence que je ne voterai pas les crédits de cette mission.

Je renouvelle aujourd'hui cet hommage et demande que ces personnels reçoivent les moyens qui leur sont nécessaires pour accomplir leurs missions dans les meilleures conditions et rendre le service qui est attendu.

Notre politique étrangère doit être forte, par son influence mais aussi par sa capacité de proposition.

Vous l'aurez compris, monsieur le ministre, compte tenu de la politique extérieure que votre gouvernement a choisi de mener et de l'incohérence totale entre les missions de notre diplomatie, le discours du chef de l'État sur la scène internationale et les trop faibles moyens mis à la disposition du Quai d'Orsay, nous n'avons d'autre choix que de voter contre votre budget.

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