Intervention de Éric Woerth

Réunion du 16 juin 2010 à 14h30
Débat sur les retraites

Éric Woerth, ministre :

Évidemment ! Ceux qui le réforment y sont plus attachés, par principe !

Notre système, c’est la répartition.

Notre système, c’est la solidarité à l’intérieur de la répartition.

Notre système, c’est la protection contre les aléas de la vie et les aléas de la carrière.

Tel est le véritable « acquis social » que nous devons transmettre aux jeunes générations !

Après vous avoir exposé les principes qui l’inspirent, je vais maintenant vous présenter cette réforme plus en détail.

L’augmentation de la durée d’activité, qui est le cœur de notre réforme, sera progressive et juste : tout le monde ne fera pas le même effort parce que tout le monde ne peut pas faire le même effort.

Comme vous l’avez très bien souligné dans votre rapport, la plupart des pays européens ont augmenté la durée de la vie active par rapport au temps passé à la retraite. Cette évolution, la France l’a engagée avec lucidité en 1993 et poursuivie en 2003, avec la réforme conduite par François Fillon.

La durée de cotisation varie désormais dans notre pays en fonction de l’évolution de l’espérance de vie. Cette règle continuera à s’appliquer. La durée de cotisation sera portée à 41 ans et un trimestre en 2013, et devrait marquer un palier – c’est rarement dit – pour s’établir, selon les prévisions actuelles de l’INSEE, à 41, 5 ans en 2020. Pas 43 ans, 44 ans, 45 ans, comme je l’entends ici ou là, non, 41, 5 ans, mesdames, messieurs les sénateurs !

Cette augmentation de la durée de cotisation est, bien sûr, absolument indispensable. Cependant, sauf à la porter à des niveaux totalement insupportables, elle est insuffisante pour garantir la pérennité financière de notre système de retraite. La durée de cotisation ne peut donc pas être la solution à nos difficultés dans les dix ans qui viennent.

C’est la raison pour laquelle nous allons relever l’âge légal de départ à la retraite, comme l’ont fait avant nous d’autres pays européens.

L’âge légal de départ à la retraite sera donc repoussé à 62 ans en 2018, contre 60 ans aujourd’hui.

Conformément à votre attente, monsieur le rapporteur, cher Dominique Leclerc, cette augmentation sera, bien entendu, progressive, pour ne pas bouleverser les projets de vie des Français proches de la retraite.

L’âge augmentera de quatre mois par an, à partir du 1er juillet 2011, pour donc atteindre 62 ans en 2018. Cette augmentation se fera par année de naissance : ceux qui sont nés après le 1er juillet 1951, et qui pouvaient partir à la retraite à 60 ans l’année prochaine, devront travailler quatre mois de plus, ceux qui sont nés en 1952, huit mois de plus, et ainsi de suite, jusqu’à atteindre 62 ans en 2018.

Cette augmentation de l’âge légal sera générale. Elle concernera tous les Français. Simplement, pour les régimes spéciaux, nous tiendrons compte du calendrier de montée en charge de la réforme de 2008 : le relèvement de l’âge de la retraite débutera, en conséquence, pour ces régimes, au 1er janvier 2017.

Parallèlement à l’augmentation de l’âge légal, l’âge du « taux plein », c’est-à-dire l’âge à partir duquel la décote s’annule, aujourd’hui fixé à 65 ans, sera progressivement relevé de deux ans.

Relever l’âge légal à 62 ans en 2018, c’est une solution à la fois raisonnable et efficace.

Elle est raisonnable parce que personne ne peut faire croire que c’est un recul social.

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