Intervention de Jacques Legendre

Mission commune d'information sur les rythmes scolaires — Réunion du 30 avril 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Benoît Hamon ministre de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre :

Monsieur le Ministre, je suis heureux de voir que vous venez, très vite après votre prise de fonctions, rencontrer notre mission commune d'information. Nous avions souhaité recevoir votre prédécesseur, mais les choses n'ont pu se faire, ce qui est sans doute regrettable.

On me permettra de dire que j'aurais été encore plus satisfait si vous aviez pu venir rencontrer notre mission d'information avant de faire vos premières annonces ! Nous avons travaillé durant des semaines ; nous étions préoccupés par cette question, et c'est pourquoi nous avons voulu, les uns et les autres, créer cette mission d'information...

Je crois qu'il est nécessaire d'apporter certaines clarifications, car vos annonces n'ont pas contribué à éclaircir le débat. Dans la Voix du Nord, Claire Leconte, une grande chronobiologiste, se montre très inquiète, et explique qu'elle est stupéfaite par votre annonce : « Cela fait dix-sept ans, à Lille, et depuis plus longtemps dans d'autres villes, que les matinées de travail étaient de quatre heures, car c'est le moment où les enfants sont les plus concentrés. Je ne comprends pas pourquoi ce ne sera plus possible. Les enseignants vont devoir revoir leur copie, alors que leur projet éducatif fonctionne depuis des années ». Il y a donc des inquiétudes sur ce point également...

J'ai également envoyé le questionnaire de notre mission d'information à tous les maires du département ; j'ai reçu de très nombreuses réponses qui montraient leurs préoccupations, et j'en ai encore eu aujourd'hui. Celle qui revient le plus souvent porte sur votre volonté de réformer les rythmes scolaires dans le cadre de l'annualité. C'est une bonne chose que de revoir la semaine, mais il existe un problème sur l'année. Cette question émane de la petite ville d'Estaires, dans le Nord, qui est mobilisée par les rythmes scolaires. Il ne s'agit pas d'adversaires, mais de gens qui posent des questions...

En second lieu, quelles garanties l'État assure-t-il aux collectivités locales pour pérenniser l'aide si le fonds d'amorçage reconduit pour 2014-2015 se tarit ? J'entends bien que nous devons tous maîtriser les dépenses, mais vous nous incitez à en faire de supplémentaires ! Or, les collectivités locales ne pouvant consentir deux fois l'effort qu'elles vont pouvoir réaliser en matière d'éducation, elles ne pourront apporter d'autres aides aux écoles...

Nous souhaiterions donc disposer d'éléments d'évaluation pour savoir si c'est la réforme des rythmes scolaires ou la modernisation des équipements et des écoles qui permettra aux élèves de mieux réussir. C'est, je le crois, une demande légitime et positive de la part des uns et des autres.

Une autre question est intéressante : la multiplicité des adultes qui auront les enfants en charge et les conséquences de l'univers éducatif ont-elles été évaluées -personnels de garderie, de restauration scolaire, qui s'ajoutent aux enseignants et aux intervenants scolaires ? Le morcellement du temps de l'enfant et la perte de ses repères ne risquent-ils pas d'être des facteurs négatifs dans son développement et ses acquisitions ?

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