Monsieur le sénateur, je suis en accord parfait avec vous sur la nécessité – vous le démontrez d’ailleurs sans difficulté – d’aborder ces questions avec la courtoisie et le calme qui doivent accompagner tout débat. D’ailleurs, je le fais tout naturellement.
Je formulerai juste deux ou trois observations, si vous me le permettez.
Tout d’abord, je sais parfaitement que le COR n’a pas à faire de préconisations. Il doit réaliser une expertise, avec un ensemble de capacités et de compétences dont la vôtre, et c’est exactement ce qu’on attend de lui.
Cela étant, je soulignerai que c’est justement parce qu’il remplit cette mission que, une fois le rapport rendu et le diagnostic établi, nous devons les faire nôtres sans chercher à les interpréter d’une façon ou d’une autre.
Je me suis autorisé tout à l’heure à rappeler à l’un d’entre vous que le rapport du COR ne dramatise pas la situation. Il rend compte des réalités.
Je partage tout à fait vos interrogations sur les projections à très long terme. Nul ne sait ce qui se passera en 2040 ou en 2050. D’ici là, le monde aura sans doute changé. En revanche, vous n’avez pas mentionné – je me permets de le faire à votre place – que c’est précisément pour cette raison que nous avons choisi un horizon assez proche : 2018. Là, il s’agit de projections non pas « à la saint Glinglin », si vous me permettez l’expression, mais à huit ans, c’est-à-dire dans un avenir proche. Et, compte tenu de la situation des déficits, vouloir mettre la « barre à zéro » à huit ans nous paraît évidemment aller dans la bonne direction.
Je partage également votre discours sur l’espérance de vie. Il ne s’agit certainement pas de la transformer en un facteur catastrophique, et il me semble excellent de rappeler les progrès qui sont réalisés dans ce domaine.
Après cette réforme, si tant est que la Haute Assemblée et l’Assemblée nationale se mettent d’accord pour la voter et que l’âge légal de départ à la retraite soit repoussé à soixante-deux ans, l’espérance de vie à la retraite serait, en 2010-2011, supérieure de trois ans à ce qu’elle était en 1981-1982, lorsque la retraite à soixante ans a été instaurée.
Donc, c’est l’illustration par excellence que l’espérance de vie est en progrès et que, même lorsque l’on inverse le curseur, pour reprendre votre expression, nous nous orientons dans la bonne direction.
J’en viens au dernier aspect de votre question, sur lequel je ne tenterai pas de vous convaincre. Il s’agit du problème de l’emploi des seniors, qui est parfaitement identifié. Vous avez raison, monsieur le sénateur, c’est une question de fond.
Je dirai deux choses, en n’y mettant aucun esprit polémique.
La réponse à cette question dans notre pays est, me semble-t-il, culturelle, et les politiques de préretraite qui ont été mises en place de façon équivalente par les différents gouvernements, notamment à une certaine période, ont très largement contribué à cette espèce de culture actuelle de sous-emploi des seniors.
Nous avons commencé dans un premier temps par supprimer, je le rappelais tout à l’heure, ce dispositif de préretraites.
Nous avons ensuite instauré des incitations directes à l’emploi des seniors par l’intermédiaire de la surcote, qui profite tout de même, si mon pourcentage est juste, à 14 % des salariés. Nous avons développé la possibilité de cumuler l’emploi et la retraite. Par ailleurs, nous avons programmé trois mesures, dont je ne vous infligerai pas le détail une nouvelle fois, qui commencent à produire des effets.
La situation de l’emploi des seniors de cinquante-cinq à soixante ans s’améliore, même si les progrès ne sont pas équivalents pour la tranche d’âge de soixante à soixante-cinq ans. J’ai tendance à penser que, grâce aux mesures envisagées, ce phénomène s’amplifiera. Nous pourrions rattraper la moyenne européenne, voire atteindre – on peut toujours rêver – les objectifs de Lisbonne, qui étaient tout de même de 50 % !